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Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 26/10/2009, 21:01
Rappel du premier message :
Citation :
Éric Besson réclame un grand débat sur l'identité nationale
Le ministre de l'Immigration, a annoncé dimanche le lancement d'un vaste débat sur l'identité nationale avec les "forces vives" du pays, faisant resurgir au premier plan de l'actualité un des thèmes centraux de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
"J'ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l'identité nationale, sur ce qu'est être Français aujourd'hui", a déclaré le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI qui a ajouté : "Je vais le lancer avec les parlementaires, députés et sénateurs, avec les députés européens".
Ce débat durera deux mois et demi avant un "grand colloque de synthèse" fin janvier-début février, a précisé le ministre qui va demander "aux préfets et aux sous-préfets d'organiser des réunions avec les forces vives de la Nation sur le thème de qu'est-ce qu'être Français, quelles sont les valeurs qui nous relient, quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers". "Il faut réaffirmer les valeurs de l'identité nationale et la fierté d'être français", a-t-il dit. "Je pense par exemple qu'il serait bon - aux États-Unis c'est banal en France ça reste parfois compliqué - que tous les jeunes Français aient une fois dans l'année l'occasion de chanter la Marseillaise", a-t-il expliqué.
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:08
chat noir a écrit:
Après tant de risques pris pour "le service de la patrie" c'est étonnant de te voir trimer encore pour t'assurer une retraite . Enfin ces situations catastrophiques créées par la géostratégie des gouvernants ont nourri les extrémismes de tous bords.
Mais, c'est la vie,Chaton, les risques en font partie, tu en prends en traversant la piste, j'en ai pris en traversant des routes sous le feu, c'est ca qui fait qu'on vit!!!!!!
Pour ce qui est de trimer, j'aimerais tant que tu me vois au boulot ces temps ci, un plaisir presque et une sinécure certainement et puis entre deux voyages ca me permet de faire plaisir a mes enfants et aussi de rester actif, mais bon je te cache pas que j'en connais 5 ou 6 qui aimeraient bien me voir partir a la retraite définitivement!!!!!!!!
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:13
https://www.youtube.com/watch?v=Yh6nXlVqvoQ
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:45
Ceux la sont belges par leur travail et leur courage . Ils sont dans nos coeurs et sont nos frères.
https://www.youtube.com/watch?v=IEBSU_qDIeU
https://www.youtube.com/watch?v=rVSP72pOg48
chat noir
Nombre de messages : 5160 Age : 66 Localisation : NANTERRE Date d'inscription : 18/11/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:46
tu n'as pas servi ton pays , mais une certaine classe de ton pays, et ce n'est pas cher payé.
chat noir
Nombre de messages : 5160 Age : 66 Localisation : NANTERRE Date d'inscription : 18/11/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:49
[quote="JACKLELOUP"]Ceux la sont belges par leur travail et leur courage . Ils sont dans nos coeurs et sont nos frères.
Et cette société qui annonce qu'elle va distribuer de l'argent en plein Paris, il n' y a que les belges pour avoir de telles idées
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:51
Le problème chat noir est que certains sont des réfugiés indésirables dans tous les pays
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:54
il n' y a que les belges pour avoir de telles idées
Que veut tu chez nous on a trop d'argent . Nous arrivons même a entretenir des maghrébins sans qu'ils travaillent.
chat noir
Nombre de messages : 5160 Age : 66 Localisation : NANTERRE Date d'inscription : 18/11/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 18:57
Tant mieux pour eux , s'ils ont trouvé des pigeons
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 19:06
chat noir a écrit:
tu n'as pas servi ton pays , mais une certaine classe de ton pays, et ce n'est pas cher payé.
Détrompe toi,Chaton,'ai servis mon pays, ma nation,ma République et ce toutes classes confondues! Mettre sur le dos des "riches" toutes les misères de l'afrique et du reste du monde est bien trop facile, meme toi le "travailleur" immigré dans l'ame sinon dans la naissance ,tu en as profité, meme tes amis syndicalistes de Sud en profitent encore, a chaque fois q'ils passent a la pompe, ils exploitent un peu plus l'afrique, a chaque nouvelle tv acheté ils et tu exploite un peu plus l'afrique et le tiers monde! Il est bien trop facile de rejeter la responsabilité sur les "seuls" riches, vous et moi compris nous en profitons tous!
Tu prends l'avion, tu profite du tiers monde Tu regarde le télé, tu profite du tiers monde tu soutiens la lutte des agriculteurs de la confédération ou de la FNSEA ( beurk) tu appauvri le tiers monde Tu pousse ton caddie chez carrefour, tu profite du tiers monde!
J'ai défendu les riches, dis tu,Chaton,mais nous sommes tous des riches en comparaisons de ces pauvres la!
Tu pense t'exonerer,mais quant tu ouvre ton robinet pour faire tes ablutions ( sanitaires ou rituels) tu engraisse Véolia ou la générale! Tu participes a l'exploitation du tiers monde,Chaton et tous tes beaux discours syndicalistes n'y changeront rien!!!
Tu consomne = tu exploite!!!!
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 16/11/2009, 19:10
et ce n'est pas cher payé. La, tu as sans doute raison, ce n'est pas cher payé, mais le devoir n'a pas de prix,Chaton! Mercenaire j'aurais roulé sur l'or un temps mais sans sacrifices la vie n'a pas de gout!
J'ai choisi de servir mon pays dans l'armée de la République, je l'ai quitté depuis avec une retraite de 1850 euros mensuel, a laquelle s'ajoutent chaque années quelques primes bien moins importantes,ce n'est pas cher payé,Chaton mais la vie n'a pas de prix et ca je l'ai appris!
D'un autre coté j'ai pris ma première retraite a 48 ans, ceci compense cela!
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 19/11/2009, 21:30
Citation :
Identité nationale : pour BHL, ce concept est contradictoire avec l'identité européenne
Le philosophe Bernard-Henri Lévy estime que ce débat est inutile et dangereusement contradictoire avec l'identité européenne.
"La nostalgie d'un nationalisme remis sur le métier des rhétoriques populaires et rances ou l'audace d'une Europe à venir - pas dans mille ans mais demain car le temps presse - tel est le choix", écrit-il.
"Ou bien on fait taire Monsieur Besson, ou bien on enterre définitivement l'Europe."
Il faut savoir si l'on construit l'Europe ou non. Aujourd'hui, l'identité de la France c'est savoir comment on s'intègre à l'idée européenne, et non de savoir si être Français c'est choisir le couscous ou le cassoulet.
Soyons sérieux...
EddieCochran Admin
Nombre de messages : 12768 Age : 64 Localisation : Countat da Nissa Date d'inscription : 03/11/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 20/11/2009, 02:05
135 - OmbreBlanche - p.14 Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? Jeu 19 Nov 2009 à 21:30
Citation :
Il faut savoir si l'on construit l'Europe ou non. Aujourd'hui, l'identité de la France c'est savoir comment on s'intègre à l'idée européenne, et non de savoir si être Français c'est choisir le couscous ou le cassoulet.
C'est ben vrai ça ! Optons franchouillardement pour le waterzoï, la paëlla, le bitoque, l'osso bucco, la Linzertorte, les Bierwürstchen, le haggis, le plum pudding, le frikadeller, le falukorv, le goulash, le kapusta et autres yoghourts. Le tout présenté dans les plateaux en bois d'okoumé abattu en Afrique par les soins de ce milliardaire de gauche qui fit de célèbres reportages truqués en Bosnie.
EddieCochran Admin
Nombre de messages : 12768 Age : 64 Localisation : Countat da Nissa Date d'inscription : 03/11/2008
Sujet: Écoute ce soir, jeunesse de mon pays 22/12/2009, 00:37
136 -
Il y a 45 ans déjà, le 19 décembre 1964 les cendres de Jean Moulin étaient transférées du Père Lachaise au Panthéon : "entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège..."
Personne chez les journaleux de téloche n'y a fait référence. L'identité nationale passe loin derrière la neige ou les malheureux vacanciers qui arrivent en retard à leurs stations de ski pour échapper à la crise ou le vaudeville Halliday-Delajoux ou encore le voyage à Copenhague de Notre-Dame du Cabichou pour y exhiber sa brouette électrique, etc...
Pourtant quel politicard aujourd'hui pourrait écrire et déclamer un texte comme celui-ci de Malraux. Un monument de l'identité française, sur le fond et dans sa forme. Quelle puissance du verbe ! Quel timbre !
Spoiler:
Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon Discours prononcé par André Malraux (ministre d’État chargé des Affaires culturelles) le 19 décembre 1964 pour inaugurer le transfert des cendres du préfet (et résistant lors de la Seconde Guerre mondiale) Jean Moulin qui reposait jusqu'alors au cimetière du Père-Lachaise. Comme le veut le protocole, le discours est adressé à Charles de Gaulle, président de la République au moment des faits.
« Monsieur le Président de la République, Voilà donc plus de vingt ans que Jean Moulin partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d'un peuple de la nuit. Sans la cérémonie d'aujourd'hui, combien d'enfants de France sauraient son nom ? Il ne le retrouva lui-même que pour être tué ; et depuis, sont nés seize millions d'enfants... Puissent les commémorations des deux guerres s'achever aujourd'hui par la résurrection du peuple d'ombres que cet homme anima, qu'il symbolise, et qu'il fait entrer ici comme une humble garde solennelle autour de son corps de mort. Après vingt ans, la Résistance est devenue un monde de limbes où la légende se mêle à l'organisation. Le sentiment profond, organique, millénaire, qui a pris depuis son action légendaire, voici comment je l'ai rencontré. Dans un village de Corrèze, les Allemands avaient tué des combattants du maquis, et donné ordre au maire de les faire enterrer en secret, à l'aube. Il est d'usage, dans cette région, que chaque femme assiste aux obsèques de tout mort de son village en se tenant sur la tombe de sa propre famille. Nul ne connaissait ces morts, qui étaient des Alsaciens. Quand ils atteignirent le cimetière, portés par nos paysans sous la garde menaçante des mitraillettes allemandes, la nuit qui se retirait comme la mer laissa paraître les femmes noires de Corrèze, immobiles du haut en bas de la montagne, et attendant en silence, chacune sur la tombe des siens, l'ensevelissement des morts français. Ce sentiment qui appelle la légende sans lequel la résistance n'eut jamais existé et qui nous réunit aujourd'hui c'est peut-être simplement l'accent invincible de la fraternité.
Comment organiser cette fraternité pour en faire un combat ? On sait ce que Jean Moulin pensait de la Résistance, au moment où il partit pour Londres : « Il serait fou et criminel de ne pas utiliser, en cas d'action alliée sur le continent, ces troupes prêtes aux sacrifices les plus grands, éparses et anarchiques aujourd'hui, mais pouvant constituer demain une armée cohérente de parachutistes déjà en place, connaissant les lieux, ayant choisi leur adversaire et déterminé leur objectif. » C'était bien l'opinion du général de Gaulle. Néanmoins, lorsque, le 1er janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté en France, la Résistance n'était encore qu'un désordre de courage : une presse clandestine, une source d'informations, une conspiration pour rassembler ces troupes qui n'existaient pas encore. Or, ces informations étaient destinées à tel ou tel allié, ces troupes se lèveraient lorsque les Alliés débarqueraient. Certes, les résistants étaient des combattants fidèles aux Alliés. Mais ils voulaient cesser d'être des Français résistants, et devenir la Résistance française. C'est pourquoi Jean Moulin est allé à Londres. Pas seulement parce que s'y trouvaient des combattants français (qui eussent pu n'être qu'une légion), pas seulement parce qu'une partie de l'empire avait rallié la France libre. S'il venait demander au général de Gaulle de l'argent et des armes, il venait aussi lui demander « une approbation morale, des liaisons fréquentes, rapides et sûres avec lui ». Le Général assumait alors le Non du premier jour ; le maintien du combat, quel qu'en fût le lieu, quelle qu'en fût la forme ; enfin, le destin de la France. La force des appels de juin 40 tenait moins aux « forces immenses qui n'avaient pas encore donné », qu'à : " Il faut que la France soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur." La France, et non telle légion de combattants français. C'était par la France libre que les résistants de Bir Hakeim se conjuguaient, formaient une France combattante restée au combat. Chaque groupe de résistants pouvait se légitimer par l'allié qui l'armait et le soutenait, voire par son seul courage ; le général de Gaulle seul pouvait appeler les mouvements de Résistance à l'union entre eux et avec tous les autres combats, car c'était à travers lui seul que la France livrait un seul combat. C'est pourquoi - même lorsque le président Roosevelt croira assister à une rivalité de généraux ou de partis - l'armée d'Afrique, depuis la Provence jusqu'aux Vosges, combattra au nom du gaullisme comme feront les troupes du Parti communiste. C'est pourquoi Jean Moulin avait emporté, dans le double fond d'une boîte d'allumettes, la microphoto du très simple ordre suivant : « M. Moulin a pour mission de réaliser, dans la zone non directement occupée de la métropole, l'unité d'action de tous les éléments qui résistent à l'ennemi et à ses collaborateurs. » Inépuisablement, il montre aux chefs des groupements le danger qu'entraîne le déchirement de la Résistance entre des tuteurs différents. Chaque événement capital - entrée en guerre de la Russie, puis des États-Unis, débarquement en Afrique du Nord - renforce sa position. À partir du débarquement, il devient évident que la France va redevenir un théâtre d'opérations. Mais la presse clandestine, les renseignements (même enrichis par l'action du noyautage des administrations publiques) sont à l'échelle de l'Occupation, non de la guerre. Si la Résistance sait qu'elle ne délivrera pas la France sans les Alliés, elle n'ignore plus l'aide militaire que son unité pourrait leur apporter. Elle a peu à peu appris que s'il est relativement facile de faire sauter un pont, il n'est pas moins facile de le réparer ; alors que s'il est facile à la Résistance de faire sauter deux cents ponts, il est difficile aux Allemands de les réparer à la fois. En un mot, elle sait qu'une aide efficace aux armées de débarquement est inséparable d'un plan d'ensemble. Il faut que sur toutes les routes, sur toutes les voies ferrées de France, les combattants clandestins désorganisent méthodiquement la concentration des divisions cuirassées allemandes. Et un tel plan d'ensemble ne peut être conçu, et exécuté, que par l'unité de la Résistance. C'est à quoi Jean Moulin s'emploie jour après jour, peine après peine, un mouvement de Résistance après l'autre : « Et maintenant, essayons de calmer les colères d'en face... » Il y a, inévitablement, des problèmes de personnes ; et bien davantage, la misère de la France combattante, l'exaspérante certitude pour chaque maquis ou chaque groupe franc, d'être spolié au bénéfice d'un autre maquis ou d'un autre groupe, qu'indignent, au même moment, les mêmes illusions... Qui donc sait encore ce qu'il fallut d'acharnement pour parler le même langage à des instituteurs radicaux ou réactionnaires, des officiers réactionnaires ou libéraux, des trotskistes ou communistes retour de Moscou, tous promis à la même délivrance ou à la même prison ; ce qu'il fallut de rigueur à un ami de la République espagnole, à un ancien " préfet radical ", chassé par Vichy, pour exiger d'accueillir dans le combat commun tels rescapés de la Cagoule ! Jean Moulin n'a nul besoin d'une gloire usurpée : ce n'est pas lui qui a créé Combat, Libération, Franc-tireur, c'est Frenay, d'Astier, Jean-Pierre Lévy. Ce n'est pas lui qui a créé les nombreux mouvements de la zone Nord dont l'histoire recueillera tous les noms. Ce n'est pas lui qui a fait les régiments mais c'est lui qui a fait l'armée. Il a été le Carnot de la Résistance. Attribuer peu d'importance aux opinions dites politiques, lorsque la nation est en péril de mort - la nation, non pas un nationalisme alors écrasé sous les chars hitlériens, mais la donnée invincible et mystérieuse qui allait emplir le siècle ; penser qu'elle dominerait bientôt les doctrines totalitaires dont retentissait l'Europe ; voir dans l'unité de la Résistance le moyen capital du combat pour l'unité de la nation, c'était peut-être affirmer ce qu'on a, depuis, appelé le gaullisme. C'était certainement proclamer la survie de la France. En février, ce laïc passionné avait établi sa liaison par radio avec Londres, dans le grenier d'un presbytère. En avril, le Service d'information et de propagande, puis le Comité général d'études étaient formés ; en septembre, le noyautage des administrations publiques. Enfin, le général de Gaulle décidait la création d'un Comité de coordination que présiderait Jean Moulin, assisté du chef de l'Armée secrète unifiée. La préhistoire avait pris fin. Coordonnateur de la Résistance en zone Sud, Jean Moulin en devenait le chef. En janvier 1943, le Comité directeur des Mouvements unis de la Résistance (ce que, jusqu'à la Libération, nous appellerions les Murs) était créé sous sa présidence. En février, il repartait pour Londres avec le général Delestraint, chef de l'Armée secrète, et Jacques Dalsace. De ce séjour, le témoignage le plus émouvant a été donné par le colonel Passy. « Je revois Moulin, blême, saisi par l'émotion qui nous étreignait tous, se tenant à quelques pas devant le Général et celui-ci disant, presque à voix basse : “Mettez-vous au garde-à-vous”, puis : “Nous vous reconnaissons comme notre compagnon, pour la libération de la France, dans l'honneur et par la victoire”. Et pendant que de Gaulle lui donnait l'accolade, une larme, lourde de reconnaissance, de fierté, et de farouche volonté, coulait doucement le long de la joue pâle de notre camarade Moulin. Comme il avait la tête levée, nous pouvions voir encore, au travers de sa gorge, les traces du coup de rasoir qu'il s'était donné, en 40, pour éviter de céder sous les tortures de l'ennemi. » Les tortures de l'ennemi... En mars, chargé de constituer et de présider le Conseil national de la Résistance, Jean Moulin monte dans l'avion qui va le parachuter au nord de Roanne. Ce Conseil national de la Résistance, qui groupe les mouvements, les partis et les syndicats de toute la France, c'est l'unité précairement conquise, mais aussi la certitude qu'au jour du débarquement, l'armée en haillons de la Résistance attendra les divisions blindées de la Libération. Jean Moulin en retrouve les membres, qu'il rassemblera si difficilement. Il retrouve aussi une Résistance tragiquement transformée. Celle là, elle avait combattu comme une armée, en face de la victoire, de la mort ou de la captivité. Elle commence à découvrir l'univers concentrationnaire, la certitude de la torture. Desormais elle va combattre en face de l'enfer. Ayant reçu un rapport sur les camps de concentration, il dit : « J'espère qu'ils nous fusilleront avant. » Ils ne devaient pas avoir besoin de le fusiller. La Résistance grandit, les réfractaires du travail obligatoire vont bientôt emplir nos maquis ; la Gestapo grandit aussi, la Milice est partout. C'est le temps où, dans la campagne, nous interrogeons les aboiements des chiens au fond de la nuit ; le temps où les parachutes multicolores, chargés d'armes et de cigarettes, tombent du ciel dans la lueur des feux des clairières ou des causses ; c'est le temps des caves, et de ces cris désespérés que poussent les torturés avec des voix d'enfants... La grande lutte des ténèbres a commencé. Le 27 mai 1943, a lieu à Paris, rue du Four, la première réunion du CNR. Jean Moulin rappelle les buts de la France libre : « Faire la guerre ; rendre la parole au peuple français ; rétablir les libertés républicaines ; travailler avec les Alliés à l'établissement d'une collaboration internationale. » Puis il donne lecture d'un message du général de Gaulle, qui fixe pour premier but au premier Conseil de la Résistance, le maintien de l'unité de cette Résistance qu'il représente. Au péril quotidien de la vie de chacun de ses membres. Le 9 juin, le général Delestraint, chef de l'Armée secrète enfin unifiée, est pris à Paris. Aucun successeur ne s'impose. Ce qui est fréquent dans la clandestinité : Jean Moulin aura dit maintes fois avant l'arrivée de Serreules : « Si j'étais pris, je n'aurais pas même eu le temps de mettre un adjoint au courant... » Il veut donc désigner ce successeur avec l'accord des mouvements, notamment de ceux de la zone Sud. Il rencontrera leurs délégués le 21, à Caluire. Ils l'y attendent, en effet. La Gestapo aussi. La trahison joue son rôle - et le destin, qui veut qu'aux trois quarts d'heure de retard de Jean Moulin, presque toujours ponctuel, corresponde un long retard de la police allemande. Assez vite, celle-ci apprend qu'elle tient le chef de la Résistance. En vain. Le jour où, au fort Montluc à Lyon, après l'avoir fait torturer, l'agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu'il ne peut plus parler, Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau. Pour la terrible suite, écoutons seulement les mots si simples de sa sœur : « Son rôle est joué, et son calvaire commence. Bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous. » Comprenons bien que, pendant les quelques jours où il pourrait encore parler ou écrire, le destin de la Résistance est suspendu au courage de cet homme. Comme le dit Mademoiselle Moulin, il savait tout. Georges Bidault prendra sa succession. Mais voici la victoire de ce silence atrocement payé : le destin bascule. Chef de la Résistance martyrisé dans des caves hideuses, regarde de tes yeux disparus toutes ces femmes noires qui veillent nos compagnons : elles portent le deuil de la France, et le tien. Regarde glisser sous les chênes nains du Quercy, avec un drapeau fait de mousselines nouées, les maquis que la Gestapo ne trouvera jamais parce qu'elle ne croit qu'aux grands arbres. Regarde le prisonnier qui entre dans une villa luxueuse et se demande pourquoi on lui donne une salle de bains - il n'a pas encore entendu parler de la baignoire. [Pauvre roi supplicié des ombres, regarde ton peuple d'ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures. Voici le fracas des chars allemands qui remontent vers la Normandie à travers les longues plaintes des bestiaux réveillés : grâce à toi, les chars n'arriveront pas à temps. Et quand la trouée des Alliés commence, regarde, préfet, surgir dans toutes les villes de France les commissaires de la République - sauf lorsqu'on les a tués. Tu as envié, comme nous, les clochards épiques de Leclerc : regarde, combattant, tes clochards sortir à quatre pattes de leurs maquis de chênes, et arrêter avec leurs mains paysannes formées aux bazookas l'une des premières divisions cuirassées de l'empire hitlérien, la division Das Reich.] Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit... Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais : « Écoute ce soir, jeunesse de mon pays, ces cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu, cette fois, les entendre : elles vont sonner pour toi. » L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Écoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France... Récupérée de « http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_du_transfert_des_cendres_de_Jean _Moulin_au_Panth%C3%A9on »
Un extrait plus complet, mais le son ne restitue pas les vibrations épiques et prenantes de l'organe de Malraux. https://www.youtube.com/watch?v=x2gk0ZAp8ak&feature=related
Invité Invité
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 22/12/2009, 00:53
j"aime beaucoup la brouette électrique de Notre-Dame du Cabichou
emma
Nombre de messages : 3845 Date d'inscription : 08/12/2008
Sujet: Re: Qu'est-ce que l'identité nationale ? 22/12/2009, 22:13
Après une heure d'entretien avec le chef d'Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, une délégation officielle française, emmenée par la ministre de la prospective et du développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, prend congé. Mais, peu soucieux de l'étiquette, l'un de ses membres en profite pour glisser une lettre à son hôte. Pour lui demander, en ces temps de débats sur l'identité nationale, de devenir citoyen... burkinabé. C'est, justement, l'identité du demandeur qui donne son sel à l'histoire. Gabriel, dit "Gaby", Cohn-Bendit, le frère aîné de Daniel, est l'un des rouages importants d'Europe Ecologie, qui a oeuvré en coulisses à la constitution, avant les élections européennes, de cette large alliance d'écologistes. "Je suis français et je veux le rester. J'étais nationalement monogame et je veux devenir polygame !", explique M. Cohn-Bendit. Sa démarche n'est-elle qu'un coup de gueule ? "Non, cela fait quatre ans que ma lettre est prête... Mais le contexte renforce ma conviction." C'est en 1987 que M. Cohn-Bendit est allé pour la première fois au Burkina Faso. "Je suis immédiatement tombé amoureux du pays", explique-t-il dans sa lettre à M. Compaoré.