Good Morning Israël

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Qu’aurait fait Yarden sans le Golan, qu’aurait fait Israël sans son bon vin ? Nous étions quelques uns, privilégiés, invités à une dégustation des vins Yarden et Gamla. Il fallait se rendre à l’évidence que la gamme était complète. Symbole de fertilité et d’abondance dans la Torah, le vin, outre son caractère sacré, symbolise aujourd’hui en Israël une révolution car jusqu’aux années 1970, les israéliens ignoraient le vin de dégustation, faisant le sacrilège de dévorer une belle viande carbonisée arrosée de coca.
Adom Atic
Les temps ont changé, ils ont appris à prendre leur apéritif au bord de la plage avec un bon blanc sec et à adapter le type de vin rouge au menu de leur assiette. Il a fallu toute une éducation que leur ont apportée les originaires d’Afrique du nord. Ils ont décidé de s’installer au Golan après une formation auprès des vignerons français et l’importation des matériels et fûts de chêne qui sont les seuls à bonifier le vin. Les israéliens s’y sont alors mis progressivement alors qu’ils ne connaissaient que le fameux Adom Atic qui broyait à la fois l’estomac et le houmous qui était ingurgité.
Les israéliens ont copié le meilleur dans le domaine du vin, à savoir la France, et pour cela, ils ont introduit des plans français sur la terre israélienne. Ils ont importé des cépages des différentes régions espacées parfois de plus de 1.000kms. Le miracle, si l’on peut parler de miracle en Terre Sainte, est que tous ces plans si espacés ont pu se reproduire et se développer sur une zone réduite, le Golan et une partie de la Galilée, grâce à l’altitude élevée et à la terre fertile qui font du nord d’Israël une région idéale pour la culture de la vigne. Ainsi malgré les différences d’ensoleillement et malgré les différentes qualités des terres, presque tous les vins de France ont été reproduits par Yarden et Gamla.
Différents cépages
Le Gewurztraminer, cépage à grappes roses, essentiellement utilisé en Alsace pour produire le vin blanc du même nom donne en Israël un vin corsé, riche en arômes de fruits et d’épices. Le Sauvignon que l’on retrouve dans le sud-ouest français, notamment le bordelais, et dans la vallée de la Loire est à la fois rouge et blanc. Le Chardonnay est un vin blanc de Bourgogne à la robe parfaite dans un heureux mariage d’arômes de silex et de pamplemousse. Il donne une bouche très élégante pour un final chaleureux et dense. Le Cabernet Sauvignon est issu d’un cépage mondialement connu grâce aux grands crus de Bordeaux. Le Merlot, faisant parti de la famille des Cabernets, est un raisin sensible qui craint la sécheresse et pourtant, au Golan, il donne un vin riche en couleurs, avec du corps et de la douceur. Mais, il devient mâture rapidement et il représente un cépage parfait pour accompagner les Cabernets.
La tradition du rosé était inconnue en Israël et elle a été mise au goût du jour avec l’arrivée massive de l’Aliya française qui a éduqué les israéliens à prendre leur apéritif au rosé au bord des plages ou à remplacer le thé par un bon verre aux couleurs des côtes de Provence. Le succès fut tellement fulgurant qu’il fallait être pistonné pour trouver une bonne bouteille de rosé dans les supermarchés. Les côtes du Rhône, le Gamay et le Beaujolais se sont insérés dans les coutumes israéliennes au point d’être fêtés une fois par an, comme en France, à l’occasion du vin nouveau.
Production limitée
Le problème de ces vins du Golan se trouve dans leur impossibilité de vieillir dans les fûts de chêne des producteurs puisque la production est instantanément absorbée. Certaines mauvaises langues affirment que les acheteurs américains, surtout les amateurs de vins cacher, préemptent le vin sur pied alors que le raisin n’est pas encore récolté. C’est la rançon du succès d’autant plus que les terres du Golan ne sont pas extensibles.
La qualité des vins n’a rien à envier à celle des vins français au point que certains d’entre eux reçoivent en Europe des récompenses de la part de leurs pairs. Pour ceux qui veulent faire un voyage touristique original, il suffit pour eux de visiter les chais des producteurs du Golan pour avoir une vision gustative des régions vinicoles de France à condition, bien sûr, de retourner chez eux en taxi.