Rappel du premier message :Pour le 14 Mars, le Hezbollah fera de tout pour imposer son agenda à Mikati. Alors que les diverses factions de la coalition du 14 Mars continuent d'organiser le rassemblement symbolique quotidien à la place des Martyrs, à 18 heures, afin d'exprime
r le refus de toute main mise du Hezbollah sur le gouvernement et l'appareil de l'État, plusieurs pôles du 14 Mars ont souligné hier que le parti chiite ne manquera pas de mettre tout son poids dans la balance afin d'imposer son agenda politique au Premier ministre désigné Nagib Mikati. Pour le 14 Mars, son éventuelle participation au gouvernement est tributaire de la réponse que M. Mikati devrait donner aux questions soulevées par les députés de la coalition, notamment pour ce qui a trait à la relation du Liban avec
le Tribunal spécial pour le Liban et le sort de l'arsenal militaire du Hezbollah. Le ministre Sélim Sayegh a déclaré dans ce cadre que les appels des forces du 8 Mars à une participation du 14 Mars au gouvernement sont « hypocrites ». « Comment est-il possible de concilier deux logiques aux antipodes l'une de l'autre, celle qui prône le désengagement du Liban à l'égard du tribunal international, et celle qui met l'accent sur l'importance du respect des engagements pris par le Liban sur ce plan, a notamment souligné M. Sayegh.
Dès la formation du gouvernement (sortant) de Saad Hariri, il était clair que ces deux logiques ne pouvaient être conciliées. » Le ministre Jean Oghassapian (Courant du futur) a réaffirmé que la désignation de Nagib Mikati est le fruit
« d'une décision prise par le Hezbollah, ce qui a suscité la suspicion de certaines instances internationales ». Affirmant que le 8 Mars désire accélérer la formation du gouvernement, M. Oghassapian a souligné que si la déclaration ministérielle du nouveau cabinet ne fait aucune mention du tribunal international, « cela signifiera qu'il existe une volonté de torpiller le TSL ».
Le député Antoine Zahra (Forces libanaises) a déclaré de son côté, dans une interview à la Future News, qu'« il est apparu que le Hezbollah n'a pas des requêtes, mais plutôt des conditions qu'il cherche à imposer ». « Lorsque Saad Hariri a rejeté ces conditions et ce diktat, le Hezbollah a provoqué la chute du cabinet Hariri », a affirmé M. Zahra qui a souligné que le 8 Mars s'emploiera à « renforcer son contrôle sur le pouvoir et les institutions du pays ». « Ils tenteront de contraindre le gouvernement (Mikati) d'adopter des positions susceptibles de consacrer l'ancrage du Liban à leur axe régional, a déclaré le député FL.
Mais nous réagirons d'une manière très ferme à ces tentatives, et je ne sais pas jusqu'à quel point ils supporteront notre réaction avant d'avoir recours à nouveau aux miliciens en chemises noires ». M. Zahra a ajouté que « le projet du 14 Mars est d'édifier l'État, alors que le projet du 8 Mars est de mettre sur pied son propre mini-État et d'imposer son hégémonie sur tout le Liban ». En conclusion, M. Zahra a réaffirmé que dans le cadre des dernières tractations entreprises par le biais des médiateurs saoudiens et syriens, M. Hariri n'avait pris aucun engagement concernant l'attitude du Liban à l'égard du tribunal international.
Le député Élie Marouni (bloc Kataëb) a indiqué de son côté que le 14 Mars prendra une décision au sujet de son éventuelle participation au gouvernement lorsqu'il aura pris connaissance des intentions du Premier ministre désigné concernant les relations du Liban avec le tribunal international, le problème des armes du Hezbollah et l'assainissement des relations avec la Syrie, notamment pour ce qui a trait à l'affaire des détenus libanais dans les geôles syriennes et le problème de la délimitation des frontières.
Quant au député Atef Majdalani (Courant du futur), il a estimé que c'est le Hezbollah qui tire les ficelles au niveau de la formation du gouvernement, affirmant que le parti chiite a déjà mis au point la composition du nouveau cabinet ainsi que la teneur de la déclaration ministérielle. Pour M. Majdalani, c'est sous la menace et les contraintes que M. Mikati a été désigné à la tête du gouvernement.
Signalons, enfin, qu'au terme d'un entretien avec le Premier ministre sortant Saad Hariri, le député Tammam Salam a souligné la nécessité de soutenir le tribunal international, affirmant que la justice et la stabilité vont de pair.
L'Orient-Le Jour.