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En colère, les étudiants canadiens se dénudent


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Pétard est là ,avec son tambour !

Charly a écrit:

En colère, les étudiants canadiens se dénudent

En colère ou en chaleur ?

Biloulou a écrit:

Charly a écrit:

En colère, les étudiants canadiens se dénudent

En colère ou en chaleur ?

ils (elles) sont toustes aussi moches,là-bas ? que des boudins !!!

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Le tintamarre de casseroles qui noie de décibels dévastateurs les rues de Montréal
a eu un effet inattendu sur l'ouïe très sensible à certaines fréquences sonores
des chiens de la police anti-émeute qui finissent par être sourds à la voix
de leur maître.

Des gens faisant du mauvais esprit disent que les chiens policiers montréalais
finissent eux aussi par s'opposer d'instinct aux salopards qui malmènent
les droits et libertés fondamentaux.

Ça aussi ça mouille les yeux.

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Avez-vous vu le film Carnage, de Roman Polanski ? Ou la pièce originale (Le Dieu du carnage), de Yasmina Reza, qui a été présentée au TNM avec Guy Nadon et Anne-Marie Cadieux ?

Ça me fait penser à ce qui se passe actuellement au Québec.

SOUS LA CULTURE, LA RAGE

Deux couples de parents se rencontrent pour régler un différend entre leurs enfants. L’un a frappé l’autre, et les parents de la victime demandent des excuses.

Au début, tout se passe bien. Ce sont des gens instruits, qui aiment la peinture et la littérature, et la conversation est polie, courtoise, amicale.

On boit du bon vin entre gens de bonne compagnie, dans un appartement cossu rempli de monographies d’artistes.

Mais après un certain temps, tout dérape, le ton monte, une des mères vomit sur la table à café et les hommes en viennent presque aux coups.

Message : on a beau vivre dans le confort, aimer la culture et défendre des valeurs humanistes (l’un des personnages milite contre la misère en Afrique), il suffit de gratter la mince couche de vernis qui recouvre notre personne et donne du lustre à nos rapports sociaux pour que notre nature sauvage remonte à la surface.

LE CULTE DE L’INDÉCENCE

C’est ce qui arrive au Québec.

Au début de la « crise », le ton était poli. Mais nous sommes rapidement passés au vomissement, à l’invective.

Aujourd’hui, la menace et les insultes ont pris le dessus sur les échanges d’idées. C’est à qui va cracher la plus grosse injure. L’autre jour, devant chez moi, un garçon de 13 ans, Max, m’a crié d’un bord à l’autre de la rue : « Vas chier, Martineau ! »

Pour lui, c’était tout à fait normal. Comme si la crise actuelle donnait tous les droits, comme si les règles élémentaires de la décence et du savoir-vivre ne tenaient plus…

En le regardant, je me suis demandé : « Qui sont ses parents ? Quels exemples lui donnent-ils ? »

Et s’il crie des injures à son âge, que va-t-il faire quand il aura 18 ans ? Lancer des bombes fumigènes dans le métro, envoyer des colis suspects à la volée ?

L’IMPALPABLE

Comme l’écrit Bernard-Henri Lévy dans La Pureté dangereuse : « Rien n’est plus fragile qu’un lien social. C’est la chose la plus énigmatique, la plus impalpable qui soit, et aussi la plus précaire.

« C’est comme ces grâces qui ne s’expliquent qu’une fois qu’elles vous ont quitté — ces charmes que l’on ne mesure qu’une fois qu’ils sont rompus. »

Ce qui fait la grandeur d’une société, dit Lévy dans son essai, est sa capacité à accepter la différence, la pluralité, la diversité.

Pas seulement des cultures et des races, mais aussi des idées. Pouvoir discuter dans le respect. Prendre plaisir à débattre. Aimer l’échange, le dialogue.

Ce sont ces valeurs qui sont garantes du lien social, qui le tiennent en vie, qui le nourrissent.

Enlevez ça, et vous sombrez dans la barbarie.

LA CHUTE

Ce qui arrive au Québec depuis trois mois m’inquiète terriblement. Où est notre gentillesse légendaire, notre bonhommie, notre bienveillance ?

Nous nous aventurons sur un terrain très glissant. Prenons garde, car une fois tombés, qui sait où cette dégringolade nous mènera…


Richard Martineau

Journal de Montréal, Publié le: samedi 09 juin 2012

les gamins si on ne les dresse pas ça ne respecte rien. en thailande c'est pareil. l'autre jour j'ai été dans une école. il y a un gamin qui s'est pris des coups de trique. ça l'a calmé.

Pendant que nos philharmonies de casseroles en ré mineur (pour ne pas dire en ré minable) tintamarraient dans les rues pour une question de cennes, les résultats alarmants d’une étude de l’Office québécois de la langue française sont passés presque inaperçus.

Si nos jeunes étaient vraiment politisés, leurs attaques contre leurs « ennemis » Jean Charest, Michèle Courchesne et auparavant Line Beauchamp seraient plus idéologiques et moins personnelles.

Je fais partie de ceux qui ont rigolé en entendant le slogan « Il ne faut pas mettre le Charest devant les bœufs », mais je me désole de voir qu’on est loin de McGill français, une manifestation qui, en 1969, réclamait plus de places à l’université en français, ce qui a conduit à la création de l’UQAM. La question du français a pris le bord. Maintenant, le tumulte estudiantin et enfantin des casseroles enterre de son bruit la nouvelle désolante du recul du français… Avant, les manifestations contribuaient à renforcer le statut de notre langue; maintenant, elles font totalement fi de cette question. Il n’y a que les vieux séniles dans mon genre pour encore se soucier du français.

Chemin de Damas

Ça ne va surprendre personne (sauf les marquises pour qui tout va toujours très bien), mais le français recule dans l’affichage et comme langue de service dans les commerces, nous apprend l’OQLF. Quel incroyable « chemin de Damas » pour cet organisme qui, sous le règne de Jean Charest, soutenait contre toute évidence que le français « progressait » constamment depuis la Révolution tranquille ! Non seulement le PLQ n’a pas intérêt à froisser les minorités anglophones ou anglophiles qui votent pour lui de façon presque monolithique et qui forment son socle électoral, mais il n’a pas intérêt à raviver la colère linguistique des Québécois, qui seraient alors portés à voter pour le Parti québécois.

Dans le grand Montréal, le nombre de plaintes reçues a beau augmenter, rien ne change. Mme Christine Saint-Pierre n’a rien trouvé de mieux à dire que ceci : les Québécois doivent se réveiller. Mais comment réveil­ler des morts-vivants quand près de la moitié d’entre nous passe à l’anglais parce qu’on se prétend plus cultivé et supérieur que le blanc-bec qui ne nous respecte pas tout en nous arrachant de l’argent pour la camelote qu’il veut nous vendre. Si les Québécois ne tiennent pas à leur identité, on ne pourra pas constamment rejeter sur autrui la faute de leur aplaventrisme, c’est vrai.

Les pouvoirs complices de l’anglicisation

Montréal, ville qui se veut nord-américaine avec une touch of difference, la fameuse fun city de Gilbert Rozon, ne fait rien pour affirmer son caractère essen­tiellement français. Oui, nous sommes en Amérique du Nord, mais nous ne sommes pas à Pittsburgh ou à Cincinnati. Il faudra que le signal vienne d’en haut, notamment de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec. Force est cependant d’admettre que ces deux paliers de gouvernement sont à l’enseigne de la complicité avec l’anglicisation.

Qu’attend Montréal pour corriger les anachronismes de sa toponymie ? Ne lui serait-il pas facile de franciser les noms communs de rues comme University ou McGill College. Et à l’Office, que dirige Mme Louise Marchand, on attend toujours le résultat des vastes enquêtes qui devaient imposer à tout le moins un descriptif français aux Costco Wholesale, au Canadian Tire, Home Dépôt et compagnie.

Mais le PLQ n’a pas intérêt à s’avancer dans ce combat pourtant essentiel pour l’avenir du Québec. Gérald Tremblay a aussi besoin du vote des Montréalais qui n’aiment pas le français. Et les étudiants ? Ils ont d’autres chats à fouetter, avec leurs pancartes joualisantes.

Gilles Proulx

Journal de Montréal, Publié le: jeudi 07 juin 2012

On savait bien qu’on en arriverait là un jour : hier soir, il y avait cinq fois plus de policiers que de manifestants aux abords de la rue Crescent...

Vous souvenez-vous du temps où, pour partir en voyage, il suffisait de se pointer à l’aéroport, produire son billet et prendre l’avion ?

Aujourd’hui, une grand-mère doit se déchausser avant d’être admise à bord du vol pour Val-d’Or. Une mère de famille doit prouver que le lait de son poupon n’est pas un explosif ou que ce iPod-là n’est pas un détonateur.

Al-Qaida n’a pas que semé la mort et la destruction, le 11 septembre 2001, il a aussi gâché nos vies pour l’avenir prévisible en laissant planer un doute, vague, indéfini, qu’il pourrait récidiver et détourner un autre avion, quelque part, un jour, et...

Résultat ? Des siècles perdus en vaine attente chaque année, des milliards de dollars en frais de sécurité généralement inutiles et toujours, partout, la vague crainte d’une catastrophe.

UN ÉTAT POLICIER

En sommes-nous rendus là ici, aujourd’hui ? Plus moyen d’aller boire une bière rue Crescent un week-end de Grand Prix sans devoir montrer patte blanche à des rangées de flics équipés pour une guerre nucléaire, de prendre le métro sans se frotter à des détachements du Service de police de la ville de Montréal armés et aux aguets ?

Pourra-t-on un jour tenir une assemblée politique, une fête, un concert, un festival, un événement d’envergure à Montréal sans déclencher l’état de siège et un déploiement de forces armées digne d’un état policier ?

J’ai peur que non.

C’est la dynamique même du jeu des probabilités que les forces de l’ordre, chargées d’assurer la sécurité contre une menace imprécise, doivent être prêtes en tout temps aux pires éventualités

On a compris ça, le 21 avril 2008, quand les Canadiens ont éliminé les Bruins. L’émeute a pris. Ce n’était que la première ronde des éliminatoires, et la police n’avait rien vu venir. Ce fut très laid. Qui fut blâmé ? La police.

OÙ SONT LES ÉTUDIANTS ?

Ce n’est pas à la police ni à la Ville ni au gouvernement qu’il faut imputer l’état policier dans lequel nous vivons aujourd’hui, mais à ceux qui font planer des menaces sur la sécurité.

Où sont les leaders étudiants en ce week-end de Grand Prix ? Nulle part. Eux d’habitude pendus à tous les micros sont invisibles et silencieux. Ils ne « contrôlent » pas les éléments perturbateurs, on le sait, ne sont pas « responsables » de leur casse, évidemment, ils n’ont pas le « pouvoir » d’ordonner des gestes de violence − ou d’y mettre fin.

Ils se contenteront d’en récolter les bénéfices stratégiques au moment opportun.

(Ils me font penser aux lutteurs professionnels : le méchant fait semblant d’éborgner le bon, l’arbitre fait semblant de ne rien voir, puis quand l’arbitre fait semblant de s’en apercevoir, le méchant lève les bras... )

POLITIQUE DU PIRE

Le mouvement de contestation, qui se tapit derrière les étudiants, n’a pas intérêt à laisser baisser la pression en attendant la reprise des cours. Le gouvernement non plus, quand on y pense.

Le mouvement de contestation est concentré à Montréal et semble avoir cessé de croître. Dans cette guerre d’usure, le gouvernement calcule que, si la tension se maintient, le ressentiment populaire se portera davantage contre les manifestants.

Cela s’appelle la « politique du pire ». Il faut donc craindre que la situation va empirer cet été avant de pouvoir s’améliorer...

Benoît Aubin

Journal de Montréal, Publié le: samedi 09 juin 2012

Le salaud, l’idiot, et le larbin




La droite a son défaut. Elle croit avoir le monopole du réel. La gauche a le sien : elle croit avoir le « monopole du cœur ». C’est ce qui amenait l’écrivain Philippe Muray à se moquer de cette dernière en la présentant comme « l’empire du bien ».

Pourquoi cette formule? Parce qu’une certaine gauche (je ne dis pas toute la gauche) ne s’imagine pas la politique comme une lutte entre doctrines également légitimes, mais bien comme une croisade opposant ceux qui aiment l’humanité et ceux qui la dominent.

Soyons honnêtes : le radicalisme politique n’est pas sans vertu. Il force une société à examiner ses fondements. À ne jamais se tenir pour acquise. Il réinjecte de la passion dans la politique.

Mais si un peu de radicalisme fait vivre la démocratie, trop de radicalisme la tue.

Les Figures de l’ennemi

Comprendra-t-on un jour à quel point cette prétention d’un camp à confisquer la référence à l’humanité est politiquement dangereuse? À quel point il est difficile de mener un débat civilisé quand l’homme devant soi est transformé en puant infréquentable?

Cette tentation de s’enfermer dans ses certitudes et de mépriser les institutions qui nous obligent à la modération s’accompagne du règne de l’injure. En fait, il y a trois figures de l’ennemi politique pour l’empire du bien. Examinons-les.

Il y a d’abord le salaud. C’est le riche. L’exploiteur. L’accapareur. Il pille la richesse du monde pour se gaver et se moque des pauvres qui crèvent. Il manque de cœur. Il est indifférent à la misère. Fait-il encore partie de l’humanité?

Il y a ensuite l’idiot. Il peut être de la classe moyenne. Il baigne alors dans un confort minable qui l’aliène. Il peut aussi être pauvre. Il s’agit d’un abruti sous-éduqué. D’un crétin manipulé. On l’imagine obèse, xénophobe, homophobe, sexiste. C’est Monsieur Préjugés en personne.

Il y a enfin le larbin. Il est chroniqueur. C’est un mercenaire intellectuel. On le voit sur la place publique. Il prétend avoir des idées, mais ne fait qu’enrober idéologiquement les intérêts de son maître. Il est payé par le salaud pour entretenir les préjugés de l’idiot. C’est un salopard.

Disons-le, c’était la part sombre du printemps québécois : le retour de la haine sociale et idéologique. Faudra-t-il, à son terme, écrire un dictionnaire des ordures? De tous ceux qui auront exprimé des réserves, voire manifesté un désaccord avoué avec le carré rouge?

Une nouvelle époque

Ainsi catégorisée, la part de la population qui ne prête pas fidélité à l’empire du bien est criminalisée ou diabolisée. Cette haine a trouvé un théâtre privilégié : les médias sociaux. On n’a jamais détesté aussi facilement que sur Facebook. Et lynchée avec autant d’ardeur que sur Twitter.

Nous entrons dans une nouvelle époque. Elle reste à comprendre. Mais nous devinons déjà ses périls. Une époque où le débat démocratique s’avilit à travers le croisement du mépris idéologique, du radicalisme politique et la démocratie sauvage des médias sociaux.

Pourtant, la démocratie n’est pas qu’un régime politique. C’est une manière de traiter ses adversaires, d’atténuer le désaccord par la politesse plutôt que de l’exciter par l’injure. La démocratie est une culture faite pour transformer l’ennemi détesté en adversaire respecté.

Mathieu Bock-Coté

Journal de Montréal, Publié le: mercredi 30 mai 2012

Citation :

Une époque où le débat démocratique s’avilit à travers le croisement du mépris idéologique, du radicalisme politique et la démocratie sauvage des médias sociaux.

Il parle de toi, là. T'as remarqué?