François Hollande n'imaginait sans doute pas qu'il puisse fâcher, à ce point, ses amis officiels algériens. Sa boutade, lundi dernier, lors du 70e anniversaire du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dans laquelle il se félicitait que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, soit revenu d'Alger «sain et sauf (...) c'est déjà beaucoup», a piqué au vif les dignitaires algériens.
Samedi, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a estimé «qu’il s’agit clairement d’une moins-value par rapport à l’esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises et même autres peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie», lors d’une conférence de presse avec son homologue chinois.
«Incident regrettable», selon le ministre algérien
Et d'ajouter: «Le sens de l’humour peut apporter une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu’il s’exprime avec élégance, avec mesure et qu’il introduit de la décontraction dans le cadre de cet art souvent austère qui est la pratique de la diplomatie. A l’inverse, le sens de l’humour peut être générateur d’une moins-value lorsqu’il abouti à suggérer que les réalités ne seraient pas celles qui sont à la portée de tous et qui ont pu être vérifiées par tous». Pour le chef de la diplomatie algérienne, la boutade de Hollande pourrait paraître comme une «improvisation d’une plaisanterie». Et il note que «les improvisations sont souvent périlleuses».
«L’année 2013, n’est pas encore terminée, et nous ne souhaitons pas la terminer sur une mauvaise note. J’espère que nous puissions trouver les moyens, dans les jours qui nous en séparent, de tourner la page de cet incident regrettable», a t-il conclu.
Moins diplomatique, le président de la Commission algérienne pour la promotion des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, a estimé dans un communiqué cité par l'agence de presse d'Etat (APS), que les propos du président français sont «provocateurs pour l'Algérie» et constituent, selon lui, «une grave atteinte à l'Algérie». Il a appelé François Hollande à «présenter ses excuses» et les autorités algériennes à ne pas «laisser passer une telle atteinte sous silence». De son côté, le président du parti islamiste MSP demande, lui aussi, aux autorités de réagir face à ce qu'il qualifie «d'atteinte flagrante» à l'Algérie.