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Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 28/11/2011, 10:40
Rappel du premier message :
Lisbonne célèbre l'entrée du fado à l'Unesco
> Le fado, chant devenu emblème du Portugal, a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco
Citation :
«Cette reconnaissance est une source de fierté pour tous les Portugais», a écrit le président de la République Anibal Cavaco Silva dans un message sur le site de la présidence. Il a rendu hommage aux «chanteurs, aux poètes, aux musiciens, aux compositeurs ayant contribué à faire du fado une mélodie universelle».
Une complainte
Cette musique est apparue au XIXe siècle dans les quartiers de Lisbonne bordés par le Tage, point de départ des marins portugais vers l'immense empire colonial qui s'étendait de l'Amérique du Sud à l'Afrique et à l'Asie.
Cette complainte, qui exprime l'absence, les ruptures ou la nostalgie, est née de la mélancolie qui régnait dans les ports de la capitale à cette époque. Rendu populaire par la diva Amalia Rodrigues, disparue en 1999 et qui l'avait entonné aux quatre coins du monde, le fado connaît aujourd'hui une très grande vitalité.
Auteur
Message
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 18/2/2012, 18:40
Herminia Silva, l'éternelle chalenger d'Amália Rodrigues, deux styles pourtant très différents.
De nouveau Camané, chantant ici le même grand classique que Herminia Silva mais à un demi-siècle de distance.
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 18/2/2012, 18:59
Manuel de Almeida et Fernanda Maria, des enfants terribles du fado. Propriétaires d'un ancien haut-lieu du fado, "Lisboa à Noite", se sont finalement disputés pour de bon et ont poursuivi des carrières bien distinctes.
Fernanda Maria - dans les premières images Manuel de Almeida aparaît furtivement - dans leur repaire : "Lisboa à Noite" Ma soeur était assez copine avec Fernanda Maria mais l'a perdue de vue.
Shansaa
Nombre de messages : 1674 Date d'inscription : 02/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 18/2/2012, 19:48
Andre, il faut vite aller vous installer en Asie ou en Afrique avec vos reves minettes et vos ephebes... Sisisi, je pense a votre bien etre moi.
Les grandes frustrations se soignent, rassurez vous
Charly
Nombre de messages : 23689 Localisation : belgique Date d'inscription : 30/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 18/2/2012, 19:54
Shansaa a écrit:
Andre, il faut vite aller vous installer en Asie ou en Afrique avec vos reves minettes et vos ephebes... Sisisi, je pense a votre bien etre moi.
Les grandes frustrations se soignent, rassurez vous
Bonsoir Shansaa,
Ne pas lui en vouloir,lui,ce n'est pas Fado,c'est fada
Shansaa
Nombre de messages : 1674 Date d'inscription : 02/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 18/2/2012, 19:55
Charly a écrit:
Bonsoir Shansaa,
Ne pas lui en vouloir,lui,ce n'est pas Fado,c'est fada
Bonsoir Charly,
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 19/2/2012, 05:31
Shansaa a écrit:
Andre, il faut vite aller vous installer en Asie ou en Afrique avec vos reves minettes et vos ephebes... Sisisi, je pense a votre bien etre moi.
Les grandes frustrations se soignent, rassurez vous
Ce fut le cas déjà de nombreuses années mais pour l'instant, ce n'est que temps en temps ... j'ai encore quelques obligations ici ... mais rassurez-vous, même ici et s'agissant des minettes et des éphèbes, je parviens, avec l'importation, à ne pas perdre la main ... ni même le reste ...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 19/2/2012, 13:13
Bon, après que la médiocrité soit venue se répandre dans ce fil, j'en reprends le thème : le fado
"Morada Aberta" (demeure, maison ouverte) un des plus grands succès de Mariza de ces dernières années. Musique de Rui Veloso sur un sublime poème de Carlos Té
Demeure (maison) ouverte
Original
Traduction
Diz me rio que conheço Como não conheco a mim Quanta magua vai correr Até o desamor ter fim
Tu nem me ouves lanceiro Por entre vales e montes Matando a sede ao salgueiro Lavando a alma das fontes
Vi o meu amor partir Num comboio de vaidades Foi à procura de mundo No carrocel das cidades
Onde o viver é folgado E dizem não há solidão Mas eu no meu descampado Não tenho essa ilusão
Se eu fosse nuvem branca E não um farrapo de gente Vertia-me aguaceiro Dentro da tua corrente
E assim corria sem dor Sem de mim querer saber E como tu nesse rumor Amava sem me prender
Vem rio que se faz tarde para chegares a parte incerta espalha por esses montes que tenho a morada aberta (bis)
Dis-moi, ô fleuve que je connais Mieux que je me connais, moi Combien de chagrin va couler Jusqu’à ce que le désamour s’achève
Tu ne m’ecoutes même pas, ô lancier Par monts et par vaux Tuant la soif aux saules Lavant l’âme des fontaines
J’ai vu mon amour partir Dans un train de vanités Il s’en alla à la découverte du monde Dans le carrousel des cités (grandes villes)
Là où vivre est facile Et on dit qu’il n’y a pas solitude Mais moi dans ma campagne déserte Je n’ai pas cette illusion
Si j’étais un nuage blanc Et pas une miette de femme (une moins que rien) Je me changerais en averse Me déversant dans ton courant
Et ainsi je m’en allais sans chagrin Sans même faire attention à moi Et comme toi dans cette rumeur J’aimais sans m’attacher
Viens, ô fleuve, il se fait tard Pour arriver en lieu incertain (Dieu seul sait où) Répands par ces montagnes Que j’ai une demeure (maison) ouverte (bis)
Dernière édition par Biloulou le 19/2/2012, 14:02, édité 1 fois
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 19/2/2012, 13:20
Ô que c'est beau ! ... On dirait du fado ! ... Je suis fada du fado ... !
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 19/2/2012, 13:24
andre a écrit:
Ô que c'est beau ! ... On dirait du fado ! ... Je suis fada du fado ... !
Je me disais bien qu'il n'y a pas d'homme irrécupérable. (Faut-il encore être un homme...)
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 00:22
> Quoi de mieux pour finir 2012 en apothéose qu'un peu de fado à se mettre entre les oreilles ?
Ana Moura -O Fado Da Procura
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 00:25
Mariza - Cavaleiro Monge
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 00:29
> Place à la Reine...
OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 00:31
> Et au Roi ...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:28
OmbreBlanche a écrit:
> Et au Roi ...
Humm... je vois que tu as des lettres en matière de fado !
Alfredo Marceneiro (littéralement Alfred le Maçon) était... maçon et c'est en tant que tel qu'il a travaillé dans une maison close qui portait comme nom le diminuitif de sa patronne : La Maison de la Mariquinhas. C'est là que sa vocation pour le fado est née.
Bien plus tard il a construit de mémoire une maquette de cette maison qui représentait tant en tant pour lui. Il a poussé le souci du détail jusqu'à façonner le mobilier, à l'échelle.
L'histoire ne dit rien sur les pensionnaires....
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:37
Mariza, lors d'un gala de la télévision en 2010 : "Oh! gens de ma terre" - n'écoutez pas, c'est quasiment un hymne au nationalisme... Très mauvaise vidéo mais une interpratation sublime : c'est du Mariza...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:47
Au palais de Queluz, près de Lisbonne. À la guitare portugaise Mário Pacheco, un des "grands" de cet instrument. Il est aussi le compositeur de cette musique qui illustre un poème de Fernando Pessoa.
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:47
Mariza travaillait dans une maison close ?
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:51
Mariza à Milan en 2011. Elle met l'occasion à profit pour annoncer à son public, conquis d'avance, qu'elle attend un bébé..
(Zed a déjà précisé qu'il n'y est por rien... Admettons.)
Original
Traduction
Boa noite solidão Vi entrar pela janela O teu corpo de negrura
Quero dar-te a minha mão como a chama duma vela Dá a mão à noite escura
Quero dar-te a minha mão Como a chama duma vela Dá a mão à noite escura
Os teus dedos, solidão Despenteiam a saudade Que ficou no lugar dela
Espalhas saudades pro chão E contra a minha vontade Lembras-me a vida com ela
Espalhas saudades pro chão E contra a minha vontade Lembras-me a vida com ela
Só tu sabes, solidão A angústia que traz a dor Quando o amor, a gente nega
Como quem perde a razão Afogamos o nosso amor No orgulho que nos cega
Como quem perde a razão Afogamos o nosso amor No orgulho que nos cega
Com o coração na mão Vou pedir-te, sem fingir Que não me fales mais dela
Boa noite solidão Agora quero dormir Porque vou sonhar com ela
Boa noite solidão Agora quero dormir Porque vou sonhar com ela
Bonne nuit solitude J’ai vu entrer par la fenêtre Ton corps de noirceur
Je veux te donner ma main Comme la flamme d’une bougie Donne la main à la nuit sombre
Je veux te donner ma main Comme la flamme d’une bougie Donne la main à la nuit sombre
Tes doigts, solitude Décoiffent la saudade Qui a pris sa place
Déverses saudades par terre Et contre mon vouloir Tu me rappelles la vie avec elle
Déverses saudades par terre Et contre mon vouloir Tu me rappelles la vie avec elle
Toi seule le sais, solitude L’angoisse qui succède au chagrin Quand l’amour est renié
Comme si on perdait la raison Nous noyons notre amour Dans l’orgueil qui nous aveugle
Comme si l'on perdait la raison Nous noyons notre amour Dans l’orgueil qui nous aveugle
Avec le coeur sur la main Je vais te demander, sans faux semblants Que tu ne me parles plus d’elle
Bonne nuit solitude Maintenant je veux dormir Parce que je vais rêver d’elle
Bonne nuit solitude Maintenant je veux dormir Parce que je vais rêver d’elle
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 11:56
Biloulou a écrit:
Mariza à Milan en 2011. Elle met l'occasion à profit pour annoncer à son public, conquis d'avance, qu'elle attend un bébé..
(Zed a déjà précisé qu'il n'y est por rien... Admettons.)
Ca arrive souvent aux filles qui travaillent dans des maisons closes ...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 12:05
Merci pour ton zèle, André, mais j'ai déjà posté cette vidéo il y a quelques minutes, à 11h51...
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 12:46
C'est bien naturel Bilou, j'adore aller au Portugal via la côte verte espagnole ... J'en profite toujours pour faire une halte à Santiago ... tel un pélerin ...
... ça me donnerait presque envie d'aller taper le carton ce soir à Estoril ! ... en faisant un AR en avion !
PS : je suis bloqué en France jursqu'à la semaine prochaine et je m'ennuie un peu ...
Biloulou
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Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 13:01
andre a écrit:
C'est bien naturel Bilou, j'adore aller au Portugal via la côte verte espagnole ... J'en profite toujours pour faire une halte à Santiago ... tel un pélerin ... ... ça me donnerait presque envie d'aller taper le carton ce soir à Estoril ! ... en faisant un AR en avion ! PS : je suis bloqué en France jursqu'à la semaine prochaine et je m'ennuie un peu ...
C'est curieux. En général les bracelets électroniques c'est pour des périodes plus longues, non ? En aparté : pour te distraire sainement il y a mieux que l'Estoril, deux stations plud loin : tu passes Monte-Estoril et tu vas jusqu'au terminus, Cascais. Charmant village avec les villas des séjours de villégiature de la famille royale, de la noblesse, petit port maritime, plage de pêcheurs... bref, un charme désuet et ambiance calme et reposante du temps jadis...
Loin de l'agitation et du factice d'aujourd'hui.
andre
Nombre de messages : 7219 Localisation : Fluctuante Date d'inscription : 08/09/2010
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 13:10
Biloulou a écrit:
andre a écrit:
C'est bien naturel Bilou, j'adore aller au Portugal via la côte verte espagnole ... J'en profite toujours pour faire une halte à Santiago ... tel un pélerin ... ... ça me donnerait presque envie d'aller taper le carton ce soir à Estoril ! ... en faisant un AR en avion ! PS : je suis bloqué en France jursqu'à la semaine prochaine et je m'ennuie un peu ...
C'est curieux. En général les bracelets électroniques c'est pour des périodes plus longues, non ? En aparté : pour te distraire sainement il y a mieux que l'Estoril, deux stations plud loin : tu passes Monte-Estoril et tu vas jusqu'au terminus, Cascais. Charmant village avec les villas des séjours de villégiature de la famille royale, de la noblesse, petit port maritime, plage de pêcheurs... bref, un charme désuet et ambiance calme et reposante du temps jadis...
Loin de l'agitation et du factice d'aujourd'hui.
Cascais, c'est bien l'été ... là, c'est l'hiver ... il me faut une activité indoor ... je ne parle pas portugais mais tes compatriotes de Lisbonne parlent plutôt pas mal l'anglais ... j'ai d'ailleurs trouvé cela assez étrange ...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 30/12/2012, 13:25
andre a écrit:
Cascais, c'est bien l'été ... là, c'est l'hiver ... il me faut une activité indoor ... je ne parle pas portugais mais tes compatriotes de Lisbonne parlent plutôt pas mal l'anglais ... j'ai d'ailleurs trouvé cela assez étrange ...
Hummm... j'y vais immanquablement dans la deuxième quinzaine de janvier, c'est charmant, il y a souvent des gens sur la plage et même dans la mer... Les Portugais sont naturellement plus proches de la culture et civilisation anglaises que de la française. Le français et l'anglais sont enseignés d'office mais par la suite c'est l'anglais qui est le plus souvent pratiqué.
Probablement une question d'histoire, de mémoire collective...
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Le Fado, au patrimoine immatériel de l'humanité 20/8/2013, 19:14
Tiens, je croyais que Mariza était inconnue en France, et pourtant elle a fait un tabac au Printemps de Bourges en 2006. (Extrait de La Guitare.com par Aurélie et Christine, le 30/06/2006)
Le concert de Mariza est le dernier auquel nous avons assisté avant de quitter Bourges…et quel concert ! Nous avions bien sûr entendu parler de cette chanteuse afro-portugaise au succès toujours grandissant, et nous nous attendions à entendre quelque chose de très beau…Mais à ce point ! C'est une véritable " claque " que nous avons ressentie ce soir-là, un vent d'émotion et de beauté d'une intensité inouïe.
Mais plantons déjà le décor… : la " Hune ", l'une des deux belles salles de spectacle de la Maison de la Culture de Bourges ; la salle est quasiment pleine. Il y a beaucoup de Portugais dans le public, mais pas seulement, de nombreux festivaliers français et de toutes nationalités sont venus aussi.
Mariza entre en scène avec ses musiciens. C'est une grande femme aux formes sculpturales, aux cheveux teints en blond, qui porte une robe fourreau à paillettes : un vrai physique de star ! Et dès le début, la complicité avec le public s'instaure : elle a beau être habillée comme une diva, on la sent simple, pleine d'humanité et de modestie. Tout en charme et en gaieté lorsqu'elle s'adresse au public, elle nous est à tous, d'emblée ultra sympathique.
Elle entame une série de titres qui alternent entre fados traditionnels, sur une tonalité triste et tragique, et -beaucoup moins courant- mélodies gaies et entraînantes. Sa voix est magnifique, grave, chaude, puissante ; le public est suspendu à ses lèvres, et à son interprétation si sensible. Par ses intonations de voix, ses gestes, ses sourires, ses petites mimiques, Mariza nous fait passer par toute la gamme des émotions. On suit les paroles, on ressent parfaitement le sens des textes, même sans parler le portugais. Elle fait preuve d'une telle précision, sensibilité dans l'interprétation, que c'est à une véritable performance d'actrice que l'on assiste.
Lorsqu'elle s'adresse au public, dans un très bon français mais avec un délicieux petit accent, le charme opère de plus belle ! Elle explique qu'elle est née à Lisbonne, dans le quartier traditionnel du fado, et qu'elle est " 50% Mozambique, 50% Portugal ", avant de dédier la chanson Transparente à sa grand-mère africaine. Une fois de plus, la mélodie est joyeuse et entraînante. Mariza tord vraiment le cou à l'image traditionnelle de la " saudade ", du fado toujours triste, voire larmoyant. Elle danse et occupe l'espace de la scène avec grâce, dans une osmose parfaite avec ses musiciens. Ces derniers sont d'ailleurs de véritables virtuoses, et les instruments sont fidèles à la tradition : percussions, un violon, une très belle basse acoustique à 4 cordes, une guitare flamenca, et une " guitare portugaise ", qui donne un son si caractéristique. Nous avons pu voir ce dernier instrument de plus près, et le guitariste nous a expliqué qu'il s'agissait d'une guitare du luthier portugais.
Sur Chuva, Mariza danse encore sur un rythme joyeux, fait participer la salle qui bat le rythme et tape des mains. Ce titre, construit sur un rythme traditionnel du Portugal, s'achève sur un incroyable solo de batterie, qui dure pendant plus de 10 minutes de " balais " sur le tambour. Le batteur joue savamment sur les nuances de son entre le bord et le milieu de son instrument, et suscite l'enthousiasme de la salle qui le salue par un tonnerre d'applaudissements et une " standing ovation ".
Mariza annonce alors qu'elle va interpréter pour nous Primavera, son fado préféré, un grand classique, et la chanson précise qui, petite fille, lui a donné le goût du fado et le désir de chanter elle-même.
Cette fois-ci, nous y sommes : c'est un fado traditionnel, tragique, et dès les premières notes, nous sommes tous " pris aux tripes "…La voix, puissante, spectaculaire, s'élève dans une plainte déchirante qui semble être la définition même de la souffrance, la souffrance faite son. Plus beaux encore et plus bouleversants sont les moments où cette voix si forte se transforme en quasi chuchotement, comme si elle n'avait même plus la force de chanter ; les dernières phrases se terminent alors dans un simple souffle, les paroles sont mimées plutôt que prononcées…et nous nous apercevons que nous pleurons toutes les deux à chaudes larmes, comme beaucoup d'autres spectateurs d'ailleurs.
On ne sait ce qui est le plus impressionnant, cette voix magique, cette sensibilité à fleur de peau, ce talent d'actrice, cette humanité et cette complicité totale avec les musiciens et avec le public… Visiblement émue et heureuse d'avoir réussi à nous transmettre son émotion et son amour pour ce titre, elle dit alors en français " Vous m'avez montré ce soir, une fois de plus, que la musique élimine toutes les frontières ". En effet, devant une interprétation aussi somptueuse, la " barrière " de la langue n'en est plus une !
Evidemment, il y a eu plusieurs rappels ! D'abord, un autre fado, sublime encore de souffrance à la fois exprimée et retenue : on comprend que le pire est presque du domaine de l'indicible lorsqu'elle ne chante même plus, mais scande la musique par de petits gestes frénétiques des doigts…
Puis, lors du deuxième rappel, tout en sourire et de sa voix douce, Mariza, littéralement, nous " emmène en voyage " : " Imaginez un vieux quartier de Lisbonne, une petite rue, une taverne, vous demandez un bacalau grillé à l'huile d'olive, avec de l'ail et du poivre, un peu de vin rouge, et à ce moment-là, une femme commence à chanter le fado, à la manière traditionnelle, comme on a toujours chanté le fado depuis des siècles… ". Les musiciens se rapprochent et elle entonne son dernier titre, sans micro, en souriant.
C'est un véritable triomphe : la salle entière se lève, et Mariza se penche vers les premiers rangs pour serrer les mains. Toujours aussi simple et modeste, elle ramasse toutes les photos, fleurs et autres…cartes de visite laguitare.com que le public lui dépose !
Ce concert magique, nous ne sommes pas près de l'oublier; il a constitué pour nous le moment le plus intense du festival, et nous sommes d'ailleurs encore restées " la larme à l'œil " une bonne partie de la soirée… Finalement, face à une si grande artiste, le sentiment qui domine est la reconnaissance : merci, Mariza, pour tant de beauté !
Le fado "Primavera" dont les auteurs de cet article écrivent : Cette fois-ci, nous y sommes : c'est un fado traditionnel, tragique, et dès les premières notes, nous sommes tous " pris aux tripes "…