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Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
Sujet: Re: Bits & Pieces... 3/5/2013, 22:40
Pétard a écrit:
Jonas. a écrit:
Ce clin d’œil se voulait un hommage humoristique , pas une moquerie ni une critique , bien que des fois il gagnerait à faire plus le canard en laissant la pluie glisser sur lui avec indifférence et mépris pour ses contradicteurs!
J'avais compris, Jonas/Younes. Je ne commentais pas ce clind'oeil mais les innombrables bêtises de ceux qui ne savent distinguer Donald, Daffy ou les canards jaunes de baignoires qu'on me sert à tout venant de ce personnage intriguant qu'est le Pétard d'Achille, son canard à lui tout seul....
Donc tu es son CoinCoin a lui tout seul.
Mais fallait le dire voyons
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 4/5/2013, 17:33
Zed a écrit:
Donc tu es son CoinCoin a lui tout seul.
Mais fallait le dire voyons
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 4/5/2013, 18:36
Avertissement: la lecture du billet suivant peut causer des mots de tête lancinants aux ceusses souffrants d'analphabêtise.
Points aveugles
Normand Baillargeon Magazine Voir
Je n’oublierai jamais ce beau moment vécu à l’école primaire.
Ce jour-là, notre instituteur nous avait demandé de tracer un petit cercle entourant une croix vers le milieu du premier tiers d’une feuille blanche; puis de tracer, sur la même ligne, mais dans le dernier tiers de la feuille, un cercle de même grandeur, mais plein celui-là. (Essayez: c’est chouette!)
Nous devions ensuite fermer l’œil gauche et fixer la croix. Le point plein était lui aussi bien visible. Puis nous devions doucement bouger la tête dans tous les sens. Il arrivait alors immanquablement que, comme par magie, le point noir disparaissait, devenait absolument invisible. Les «Oh», les «Ah» et les «Wow» retentissaient dans toute la classe, en même temps que les «Zut! Je le vois encore», «Moi, je ne le vois plus»; et peut-être même «Maintenant je vois ce que c’est, parce que je ne le vois plus».
Spoiler:
Le bon maître nous expliquait alors tout, comme il savait si bien le faire. Cela devait ressembler à ceci: «Ce phénomène, mes enfants, est dû à l’existence d’un point aveugle que nous avons tous et qui est causé par l’attachement du nerf optique sur votre œil.»
Nostalgie, odeur d’encre et de craie. Je vous reviens…
Plus tard, j’en apprendrais plus sur l’intrigant phénomène. Mais j’apprendrais également que dans le monde des idées aussi, il y a de tels points: on appelle ce phénomène l’aveuglement idéologique. C’est justement à cela que je pensais cette semaine en regardant l’actualité.
Considérez, par exemple, ce refus d’admettre que l’on n’est pas nécessairement islamophobe si on rappelle que l’islam, en effet, joue parfois un rôle dans certains des attentats terroristes qui se commettent – le même rôle que bien des religions, d’ailleurs, ont joué et jouent parfois encore. Et qu’on ne soutient pas non plus, admettant cela, que tous les musulmans (n’importe quoi!) sont des terroristes. Il faut avoir un sacré point aveugle pour ne pas voir tout cela.
Ou considérez cette incapacité à reconnaître que les attentats terroristes ne sont ni banalisés et encore moins justifiés par la demande de chercher à les comprendre dans le contexte géopolitique actuel qui, oui, contribue à les causer. On comprend alors, ce qui n’est pas rien, que le fait pour certains pays de cesser de commettre des attentats terroristes serait une manière très efficace de lutter contre le terrorisme.
Et considérez encore cette incapacité à voir d’autres terrorismes que celui lié à l’islam. Un rapport d’Europol rappelait en 2009 que 99% des actes terroristes en Europe étaient le fait de non-musulmans. Après le déluge d’analyses pas toujours exemptes de racisme qu’on vient de nous servir sur les attentats de Boston, il est intéressant de se pencher sur le traitement médiatique d’un autre attentat terroriste survenu très récemment aux États-Unis.
Le 5 août 2012, Wade Michael Page a garé sa voiture devant un temple sikh, en est sorti avec un fusil semi-automatique et a commencé à tirer. Il a tué six personnes et en a grièvement blessé quelques autres avant de se suicider. Wade était un suprémaciste blanc, un sympathisant nazi, un raciste notoire. L’histoire, dans certains de ces médias américains ou canadiens de masse qui ont longuement commenté Boston, est à peu près entièrement passée sous silence – on a parfois argué que les agissements d’un cinglé ne pouvaient être liés à ses supposées convictions politiques.
Et je ne peux m’empêcher de noter combien est grand notre aveuglement à certaines formes de violence qui ne sont pas du terrorisme, certes, mais qui sont extraordinairement meurtrières et qui, dans une proportion inouïe, pourraient être éradiquées: je ne parle ici ni de drones, ni d’armes à feu, ni de guerre, mais simplement des morts et des blessés par manque de sécurité au travail.
Le 28 avril était chez nous la Journée de commémoration des travailleurs morts ou blessés au travail, et c’est une occasion de rappeler que 211 personnes au Québec, en 2012, sont décédées à la suite d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail. Aux États-Unis, en 2011, 4609 travailleurs sont morts au travail, soit presque 13 par jour – on ne compte pas ici les personnes mortes de blessures ou maladies liées à leur travail. En ajoutant toutes les victimes depuis le 11 septembre 2001, on arrive à quelque 50 000 morts. Combien de décès par le terrorisme depuis cette même date aux États-Unis? Réponse, sauf erreur: 33.
L’actualité nous offrait pourtant une intéressante possibilité de méditer sur tout cela avec la tragédie survenue dans la petite ville de West, au Texas. L’explosion, le 17 avril, de la West Fertilizer Co. a fait 14 morts et plus de 200 blessés. L’usine inexplicablement située près d’une école (heureusement fermée à ce moment-là) a détruit 75 maisons et immeubles et sévèrement endommagé un complexe résidentiel et une maison de retraite. L’usine n’avait, semble-t-il, pas de système d’alarme, pas de gicleurs ni de pare-feu pour isoler les stocks de matériaux hautement inflammables qu’on y entreposait, notamment de l’ammoniac. La dernière inspection par le service gouvernemental concerné, devenu exsangue en raison de coupures incessantes, remontait à 1985. Maintes fois réprimandée, notamment pour les dangers qu’elle faisait courir à ses employés, l’usine paya finalement une amende de… 30$.
Inutile de me le rappeler, je le sais: j’ai moi aussi mes points aveugles. Je me soigne, cependant. J’ai appris comment à l’école primaire: je bouge la tête, je regarde et je lis ailleurs.
Ça ne garantit pas l’immunité, mais ça aide grandement…
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 7/5/2013, 15:45
Pourquoi ça me fait penser aux enfants disparus sous Franco, Pinochet ou la dictature argentine? Va savoir!
Trois femmes, trois suspects et un héros à Cleveland
Charles Ramsey est devenu le héros de Cleveland hier après s’être porté à l’aide d’Amanda Berry, qui hurlait et tentait de sortir d’une maison située dans un quartier résidentiel de cette ville où elle était prisonnière depuis dix ans avec deux autres jeunes femmes, Gina DeJesus et Michele Knight, qui étaient portées disparues depuis neuf et 11 ans.
Ramsey a défoncé le bas d’une porte à coup de pied pour permettre à Berry de sortir à quatre pattes. La jeune femme, qui transportait une petite fille dans ses bras, a aussitôt appelé le 911 et communiqué ce message peu ordinaire :
Citation :
«Je suis Amanda Berry. J’ai été kidnappée et j’ai été portée disparue pendant dix ans. Je suis libre maintenant»
Amanda Berry avait 16 ans quand elle a disparu. Elle été vue pour la dernière fois le 21 avril 2003 en début de soirée alors qu’elle quittait son travail dans un restaurant fastfood à quelques centaines de mètres de chez elle.
Gina DeJesus avait 14 ans lors de sa disparition le 2 avril 2004, et Michele Knight, 21 ans. Les trois femmes ont été retrouvées à quelques kilomètres seulement de leurs résidences familiales.
Comme on peut le lire dans cet article du Cleveland Plain Dealer, la police a arrêté trois hommes – des frères – en lien avec cette affaire. Elle n’a pas encore divulgué leur identité mais des voisins ont indiqué que l’un d’eux était Ariel Castro, un chauffeur d’autobus scolaire âgé de 52 ans.
La police de Cleveland doit tenir une conférence de presse à 9 h. Pour le moment, aucune information sur les conditions de captivité des femmes n’a été révélée.
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 8/5/2013, 01:28
Au delà de la démagogie Biloulouienne:
La chasse aux terroristes (de 1793)
Alors que, vous fêtez, si l’on peut dire, le 220e anniversaire de la création du Tribunal révolutionnaire et du Comité de salut public, le vocabulaire et les références à la Terreur sont omniprésents dans l'actualité politique française. Mais que savez-vous vraiment de cette période?
Jean-Luc Mélenchon a appelé les Français à manifester, dimanche 5 mai, pour l'avènement d'une «VIe République». Pourquoi le 5 mai? Parce qu'il s'agit de la veille du premier anniversaire de l'élection de François Hollande, mais aussi de la date à laquelle se sont ouverts les Etats généraux en 1789.
Spoiler:
Cette référence révolutionnaire ne surprend pas dans la bouche de l'ancien candidat à la présidentielle, coutumier du fait. Il a également récemment vu dans les mesures de moralisation de la vie publique présentées par François Hollande une «loi des suspects» —un terme dans lequel certains journalistes ont vu une référence à celle de 1793, mais l'élu a assuré qu'à l'inverse, il s'agissait «à l'époque d'une bonne loi».
Car, en ce printemps très agité au niveau politique, ce n'est pas seulement l'année 1789 qui est fréquemment mentionnée, mais aussi aussi 1793. Début janvier, le député FN Gilbert Collard dénonçait ainsi sur son blog «Robespierre Peillon» tandis que sa consoeur Marion Maréchal-Le Pen cosignait avec des députés UMP une proposition de loi réclamant la reconnaissance d'un «génocide» vendéen.
Répondant aux imprécations de Jean-Luc Mélenchon contre le gouvernement, le PS a ensuite présenté son opposant comme «un petit Robespierre de mauvaise facture». Un Robespierre qui demeure le seul grand personnage de la Révolution à ne pas disposer d’une rue à Paris, malgré de nombreuses démarches effectuées en ce sens auprès de la mairie.
>> A lire également: Robespierre, un moralisateur incompris
Après la démission de Jérôme Cahuzac, le dirigeant de l'UMP Guillaume Peltier a lui attaqué Mediapart en pourfendant «la pression médiatique des petits Robespierre de la justice», et son parti à, à la même époque, dénoncé le projet fiscal du gouvernement Ayrault en ciblant une «révolution fiscale qui s’est transformée en terreur».
Gilbert Collard, encore lui, a comparé la publication des déclarations de patrimoine à «la Terreur». Et récemment, une lettre de menace adressée à Jean-Pierre Elkabbach et à d’autres journalistes les accusait de se comporter (prière de ne pas rire) en «accusateurs publics» autoproclamés. Controverses et certitudes
Depuis deux siècles, la Révolution a été souvent brandie au cœur du débat politique. Mais, et ce n’est pas sans paradoxe, depuis la célébration du bicentenaire de la Révolution, les choses ont changé. La Révolution continue d’apparaître ici où là dans la bouche de certains politiques ou éditorialistes, mais presque exclusivement pour dénoncer ses «dérives», au premier rang desquelles se trouve la Terreur.
Une période dont on fête ce printemps les 220 ans, puisque le Tribunal révolutionnaire a été créé le 10 mars 1793 et le Comité de salut public le 6 avril de la même année. Depuis plus de deux siècles, elle est l’objet de discussions et de controverses parfois houleuses entre les historiens. Comment la caractériser? Qui en est responsable? A-t-elle vraiment eu lieu où est-ce une reconstruction a postériori? Quelles en sont les bornes temporelles? Que peut-on lui imputer?
Pourtant, à en croire le bruit général, ces questions semblent tranchées: la Terreur, c’est l’horreur; le responsable, c’est Robespierre; la Terreur débute avec l’instauration du Tribunal révolutionnaire, volontiers assimilé à ceux qui officiaient à Moscou, et se termine avec la mort du tyran Robespierre; son bilan est abominable: les charrettes de condamnés à Paris, les noyades de Nantes et même le «génocide» de Vendée.
Comment une question si complexe, si ouverte, si propice aux débats a-t-elle pu finir par devenir une sorte d’image d’Epinal version gore, figée, semble-t-il, une bonne fois pour toute dans le sang coagulé de ses innombrables victimes? Une période mal comprise
Oui, la Terreur —adoptons ce mot inventé à posteriori par ceux qui furent les artisans de la chute de Robespierre en thermidor an II (juillet 1794)— fut une période sombre, cruelle et violente, la «part maudite de la Révolution» selon les mots de l’historien Jean-Clément Martin. La simple évocation de ce terme fait froid dans le dos et voilà pourquoi elle constitue un raccourci commode dans la bouche des politiques.
Le fait est qu’en 2013, le débordement de violence qui caractérise la période de 1793-1794 est forcément mal compris. Nous vivons dans un régime politique d’une grande stabilité, la peine de mort a été abolie en 1981 et nous n’avons pas connu la guerre sur notre sol depuis 1945. La violence politique nous apparaît comme barbare, et surtout étrangère à notre système de valeurs.
Oui, mais pour les Français de 1793, cette violence s’exerçait alors dans tous les sens. La déclaration de guerre à l’Autriche en avril 1792 a considérablement radicalisé les débats: la République, qui sera bientôt instaurée en septembre 1792, lutte pour sa survie. Les représentants de la nation doivent à la fois mener la guerre aux frontières et combattre les ennemis de l’intérieur, mais aussi canaliser la violence populaire dont une des principales manifestations sont les massacres de septembre 1792, provoqués par la crainte de la prise de la ville par les Prussiens.
La République proclamée, le procès du roi commence. Sa condamnation et son exécution, fin janvier 1793, provoquent la mise sur pied de la Première coalition. La moitié de l’Europe est à présent dressée contre la France. Un climat de guerre civile atroce
La République ordonne la levée de 300.000 hommes. Dans de nombreuses régions, comme dans l’Ouest de la France, c’en est trop, et au mois de mars, la révolte prend de l’ampleur et devient armée. Bientôt va naître une Armée catholique et royale dont l’objectif affiché est de rétablir la monarchie. L’armée française est envoyée dans l’Ouest pour mater cette révolte. Une guerre civile atroce va y commencer.
C’est dans ce climat difficile que George Danton réclame, le 10 mars 1793, la création d’un tribunal révolutionnaire:
«Les ennemis de la liberté lèvent un front audacieux; partout confondus, ils sont partout provocateurs. En voyant le citoyen honnête occupé dans ses foyers, l'artisan occupé dans ses ateliers, ils ont la stupidité de se croire en majorité eh bien, arrachez-les vous mêmes à la vengeance populaire, l'humanité vous l'ordonne. […] Ici le salut du peuple exige de grands moyens et des mesures terribles. Je ne vois pas de milieu entre les formes ordinaires et un tribunal révolutionnaire.»
Puis, évoquant les massacres de septembre, il enfonce le clou:
«Faisons ce que n'a pas fait l'Assemblée législative; soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être; organisons un tribunal, non pas bien, cela est impossible, mais le moins mal qu'il se pourra, afin que le glaive de la loi pèse sur la tête de tous ses ennemis.»
Le tribunal révolutionnaire est bientôt institué avec pour objet de juger le plus rapidement possible «toute entreprise contre-révolutionnaire, … tout attentat contre la liberté, l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et … tous les complots tendant à rétablir la royauté ou à établir toute autre autorité attentatoire à la liberté, à l’égalité et à la souveraineté du peuple.» Les thermidoriens ont inventé la Terreur
Après quelques tergiversations, c’est le tristement célèbre Fouquier-Tinville qui en devient l’accusateur public. C’est le Comité de Sûreté générale, lui aussi créé en mars 1793, qui rédige les ordres d’arrestation et d’inculpation des suspects déférés devant le tribunal.
Le tribunal fonctionne de fin mars 1793 à fin mai 1795. Il enverra à l’échafaud plus de 2.500 personnes (et en acquittera presque autant) dont, successivement, les Girondins (jugés trop mous par le peuple de Paris et renversés en juin 1793), les «Exagérés» de Hébert puis Danton et ses amis, au printemps 1794, et enfin Robespierre et les robespierristes, à l'été 1794.
Un autre organisme est également mis sur pied, assurant de fait le pouvoir exécutif. Il s’agit du Comité de salut public, chargé de coordonner les travaux des diverses commissions formant ministères, dont la création est proposée par Barère le 18 mars 1793. Il est finalement formé d’une dizaine de membres permanents, se réunissant à huis clos, renouvelables tous les deux mois. Robespierre y fait son entrée en juillet 1793.
Le Comité de salut public est un comité de guerre, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la France, créé pour prendre des mesures radicales —et qui les prend. Alors que la guerre de Vendée se radicalise, des représentants sont envoyés dans les provinces pour rétablir l’ordre et certains, comme Fouché à Lyon ou Carrier à Nantes, se distinguent par leurs exactions. Les bruits de leurs sinistres exploits arrivant jusqu’à la Convention, les plus contestés sont rappelés à Paris afin qu’ils y rendent des comptes.
Fouché, qui sera un des artisans de la chute de Robespierre, passera au travers des mailles du filet, contrairement à Carrier. Après le 9-thermidor, ceux qu'on appelle justement les thermidoriens vont forger le nom de Terreur et en accuser Robespierre de tous les maux.
Le bilan de la période qui s’étend de mars 1793 à juillet 1794 est en effet terrible: plus de 2.000 exécutions rien qu’à Paris, des centaines, peut-être des milliers dans les provinces. La guerre de Vendée, qui a débuté au printemps 1793 et se poursuit après la chute de Robespierre, fera au total 170.000 morts et disparus. «Instrument de défense»
Comment analyser une telle succession d’évènements, si rapide et si tragique? Voilà deux cents ans que les historiens en débattent.
Pour certains, dont les chefs de file pourraient être Albert Soboul, directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française, actif à partir des années 1950 et proche du PCF, et Albert Mathiez, ce moment historique est à replacer avant tout dans son contexte. Ils considèrent que la Terreur s’explique par l’impuissance répétée des Girondins, aux affaires jusqu’à leur élimination, qui ont laissé la situation intérieure et extérieure s’aggraver et ont donc contraint leurs successeurs à prendre des mesures drastiques mais nécessaires. Selon Soboul, par exemple, la terrible loi du 22 prairial «s’explique par les circonstances du moment.» Et l'historien d’avancer que:
«La Terreur fut essentiellement un instrument de défense nationale et révolutionnaire contre les rebelles et les traîtres. Comme la guerre civile dont elle n’est qu’un aspect, la Terreur retrancha de la nation des éléments socialement inassimilables, parce qu’aristocratiques ou ayant lié leur sort à celui de l’aristocratie.»
Albert Soboul est contesté, à partir du début des années 1970, par des historiens de l’école «révisionniste», comme William Doyle, Pierre Chaunu, Denis Richet et François Furet. Ce dernier, plutôt classé a droite, auteur d’une somme (La Révolution) publiée en 1988, jette un œil bien différent sur la Terreur:
«Il serait faux de l’imaginer comme le simple produit de la pression des sans-culottes ou des excès sanglants de certains représentants en mission. En réalité, elle est inséparable de l’univers révolutionnaire […] Dès 1789, la Révolution française ne pense les résistances réelles ou imaginaires, qui lui sont offertes, que sous l’angle d’un gigantesque et permanent complot, qu’elle doit briser sans cesse […] La culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la Révolution française dès l’été 1789.»
Les commémorations du bicentenaire de la Révolution française ont lieu un an après la publication de cet ouvrage, qui reçoit un accueil très favorable dans tous les médias. Mais 1989, c’est aussi l’année de la chute du mur, de la théorie de la «fin des idéologies». Certaines thèses de François Furet tendent à accréditer l’idée que la Révolution française porte en germe les totalitarismes du XXe siècle. Il en résulte des interprétations souvent très raccourcies.
Car pour ne reprendre que l’extrait cité, Furet, bien que très réservé sur le bilan de la Révolution, qu’il tend à présenter comme un moment historique dont on aurait pu faire l’économie, ne dit pas qu’elle conduit à la Terreur, mais qu’elle peut y conduire. Vision stéréotypée du débat
Jean-Clément Martin a beaucoup travaillé sur cette question de la Terreur, et présente une thèse que l’on pourrait qualifier d’intermédiaire. Son ouvrage le plus accessible, La Terreur – Part maudite de la Révolution, en offre un panorama aussi équilibré qu’un ouvrage consacré à un sujet aussi polémique peut l’être. Comme il l’expose dans sa conclusion:
«Pas plus que tous les parfums d’Arabie ne pourront jamais laver le sang de la main de Macbeth, toutes les analyses échoueront à faire comprendre que, précisément, les conventionnels n’ont pas institué un système de Terreur, mais qu’ils ont tenté un compromis, avoué publiquement, et qu’ils ont échoué. Comme tant d’autres gouvernants, ils ont eu recours à la violence, utilisant et canalisant les "hommes de sang" communs à toutes les époques, dont ils n’ont pas réussi à rester les maîtres.»
Cette période complexe qu'est la Terreur mérite bien mieux que les imprécations, les utilisations politiques et les raccourcis dont elle est régulièrement l’objet. Les hommes alors au pouvoir avaient à cœur d’assurer la pérennité des institutions, de canaliser la violence de leurs partisans et de ne pas faire dans le détail pour mettre leurs adversaires hors d’état de nuire, et s’en chargèrent en étant persuadés qu’il n’y avait pas d’autre issue.
Il est trop facile de les juger aujourd'hui avec les connaissances et les systèmes de valeur qui sont les nôtres. Il est également trop facile d’en tirer la conclusion que les révolutions finissent toujours mal et qu’elles sont donc inutiles —un discours que l’on entend bien souvent aujourd’hui. Il est naturellement possible de condamner, mais c’est là le métier des juges, pas celui des historiens —ni des hommes et des femmes politiques.
Et pour condamner ou relaxer, encore faut-il ne pas avoir une vision trop stéréotypée du débat, trop souvent confisqué par ce que les auteurs d’un récent ouvrage appellent les Historiens de garde, qui monopolisent l’attention des médias. La période révolutionnaire fut caractérisée par un foisonnement des idées, bien difficile à démêler, et par une forte influence des parlementaires, un moment rare dans notre histoire, où le pouvoir, royaliste ou républicain, des Etats généraux à l’Assemblée nationale, se méfie comme de la peste des Parlements.
La Terreur a fini de faire couler le sang, mais elle n’a pas fini de faire couler de l’encre. Contrairement à la tête de Robespierre, à celle de Danton et à celle de Louis XVI, la question de sa délimitation, de ses causes, de son bilan, de sa mécanique, est loin d’être tranchée.
Antoine Bourguilleau
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 8/5/2013, 01:52
Pour ToG, le verticaliste? Belle démonstration!
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 8/5/2013, 02:47
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 19:04
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 19:12
David, chez les Monty Python, rien ne vaudra jamais l'ouverture de Sacré Graal avec le cataclop-cataclop des noix de coco pour imiter le pas des chevaux... Et Dieu si j'en ai mangé, du Terry Gilliam, avec un frere fan absolu (et qui me prend pour une heretique de lui preferer Tim Burton).
Mab
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 19:36
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 19:50
Pétard a écrit:
Heu... je suppose que ça veut dire que tu te fous de moi ?
Mab, interloquée et toutes ces sortes de choses
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 19:56
Pour Biloulou, juste pour lui:
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:00
Mara-des-bois a écrit:
Heu... je suppose que ça veut dire que tu te fous de moi ?
Au contraire.
Il est interdit de sourire dans ce forum?
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:10
Pétard a écrit:
Au contraire.
Il est interdit de sourire dans ce forum?
Au contraire (je suppose). Mais tu uses tant de smileys pour te moquer que je ne sais plus.
Mab
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:21
Mara-des-bois a écrit:
Mais tu uses tant de smileys pour te moquer que je ne sais plus.
Moi?
T'es sérieuse là?
Ça craint!
Jamais plus d'un par billet et toujours en pur respect de l'esprit européen de la chose.
En plusse, contrairement aux smileyeurs/graffiteurs paresseux de service, je me casse la tête pour en trouver des originaux!
Tu crois que signifie autre chose que ?
Éh! Misères...
Dernière édition par Pétard le 9/5/2013, 20:22, édité 1 fois
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:22
Pétard a écrit:
Pour Biloulou, juste pour lui:
(Merci !)
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:27
Biloulou a écrit:
C'est quoi ce smiley?
De la dérision de ta part?
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:35
Pétard a écrit:
Biloulou a écrit:
C'est quoi ce smiley? De la dérision de ta part?
Non, non, c'est du contentement : j'apprécie les ordures que tu m'envoies...
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:40
Biloulou a écrit:
Non, non, c'est du contentement : j'apprécie les ordures que tu m'envoies...
Je connais bien mon Biloulou, t'en fais pas.
Je sais bien que beurrer épais sur le dos de gauchistes te fera jubiler!
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:43
Ta langue ! Ta langue !!!
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:45
Couin-couin est gauchiste ?
Dieu, quel horreur !
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:47
alande a écrit:
Couin-couin est gauchiste ?
Dieu, quel horreur !
Wow!
L'abruti vient de se réveiller...
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:53
On est toujours l'abruti de quelqu'un, ne dit on pas ?
Moi aussi, je t'aime...mon couin-couin !
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 20:56
Invité Invité
Sujet: Re: Bits & Pieces... 9/5/2013, 21:11
Pétard a écrit:
Chère Mab, je comprends soudainement ton questionnement.
Ce qui t'es parfois adressé de ma part n'a rien à voir avec ce adressé par ailleurs à certains abrutis... Faut considérer le contexte.
Hors concours et jamais parmis les abrutis sont toujours ta plume comme celles des Jonas, Kog, Tog, Quantat, Eddie et quelques autres dont les noms m'échappent présentement. Biloulou, tiens...
Je suis désolé de la confusion, khonsfusion. Elle n'était pas justifiable. Je ferai mieux la prochaine fois.