L’incontournable « Monsieur Alexandre »…où l’on découvre l’ascension fulgurante d’un petit caïd de banlieue devenu « seigneur de la zone grise » des affaires de la droite française.
« Je t’embrasse, mon Alexandre »
Ces écoutes révèlent qu’Alexandre Djouhri est un personnage influent au sein de la droite française. Il est à tu et à toi avec l’ancien président Nicolas Sarkozy.
EXTRAIT ECOUTE JUDICIAIRE | Le 2 janvier 2015 entre Alexandre Djouhri et Nicolas Sarkozy :
Alexandre Djouhri :Bonne année, Nicolas.
Nicolas Sarkozy:Ah ben Alexandre, je voulais te souhaiter une bonne année à toi.
Alexandre Djouhri :Bah tu verras, tout se passera bien et le courage guidera nos raisons, tu verras.
Nicolas Sarkozy :Tu es où, là ?
Alexandre Djouhri :Là, je suis à Courchevel.
Nicolas Sarkozy :Ah ! Et bien écoutes, je t'embrasse mon Alexandre. »
Règlement de comptes entre voyous
À priori, rien ne prédestinait pourtant Alexandre Djouhri à faire partie du premier cercle du pouvoir. Né il y a 58 ans en Seine-Saint-Denis dans une famille algérienne, Ahmed Djouhri (« Ahmed » est son prénom de naissance) a grandi à Sarcelles.
À l’adolescence, il fréquente le milieu du grand banditisme. Entendu dans des affaires de règlements de comptes entre bandes de voyous, Djouhri a, lui-même, été victime d’une fusillade en plein Paris. Au début des années 80, c’est un habitué des commissariats, comme en témoigne cet extrait d’un rapport de police que nous avons pu consulter :
« Ahmed Djouhri était interpellé le 25 septembre 1981 et la perquisition effectuée à son domicile amenait la découverte de deux révolvers chargés, de menottes et d’une cagoule. Ahmed Djouhri était de nouveau interpellé, le 27 octobre, pour son implication dans cinq agressions à main armée commises dans des bijouteries de la région parisienne. »
Les années suivantes, Djouhri écume les boîtes de nuit de la capitale, où il côtoie la jet-set, et se lie d’amitié avec le fils d’Alain Delon, Anthony.
Réseaux Pasqua et Françafrique
Des figures de la police proches de Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, l’introduisent ensuite dans les réseaux de la Françafrique. Il rencontre certains personnages clé de l’affaire Elf. Il devient aussi proche des "grands" patrons Français comme Serge Dassault, Henri Proglio ou Jean-Charles Naouri. C’est à partir de ce moment-là que l’ancien gamin de Sarcelles intègre le cercle très fermé des intermédiaires des gros contrats industriels et d’armement.
Une ascension fulgurante qui ne l’a pas amené tout de suite à tutoyer Nicolas Sarkozy. Car l’amitié entre les deux hommes n’allait pas de soi.
Alexandre Djouhri a d’abord « servi » le clan Chirac. Dans les années 2000, la guerre fait rage entre chiraquiens et sarkozystes. Une guerre sur fond d’ « affaire Clearstream », cette falsification de listings bancaires où s’est notamment retrouvé le nom de Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait même promis de suspendre à un croc de boucher les responsables de cette manipulation. Pour Nicolas Sarkozy, l’affaire était un complot ourdi par les chiraquiens, Dominique de Villepin en tête.
« S’il n’était pas venu dans mon camp, il aurait eu une balle entre les deux yeux ! »
Malgré l’affaire Clearstream, Alexandre Djouhri est devenu tellement incontournable au sein de la droite que le camp Sarkozy se met en tête de le « récupérer ». C’est ce que raconte le journaliste Pierre Péan qui a longuement enquêté sur le sujet dans son livre La République des Mallettes :
« Début 2006, Djouhri sent qu’il n’a plus le choix s’il veut exister, c’est-à-dire s’il veut continuer à être un des rois de la zone grise, un facilitateur du système, il doit se trouver dans le bon camp. Il va donc faire un retournement d’alliance. Sarkozy devant témoin va dire : « S’il n’était pas venu à Canossa, autrement dit s’il n’était pas venu dans mon camp, il aurait eu une balle entre les deux yeux » ! »
« Tu sens cette lumière qui l’amène vraiment à la victoire ! »
Djouhri passe donc dans le camp sarkozyste pour rester en cour, mais il joue en fait sur les deux tableaux. Il continue de fréquenter son grand ami Dominique de Villepin, qu’il aime surnommer « Le Poète ».
L’intermédiaire va également réussir un tour de force : réconcilier les ennemis jurés Villepin et Sarkozy. Les écoutes judiciaires de l’affaire libyenne montrent à plusieurs reprises que Djouhri sert d’entremetteur entre les deux hommes.
ECOUTE JUDICIAIRE | Alexandre Djouhri et Nicolas Sarkozy le 16 janvier 2015 :
« Alexandre Djouhri :Il m'a dit Dominique que t'étais excellent hein, il m'a fait que des compliments sur toi...
Nicolas Sarkozy :T'es gentil. T'es gentil.
Alexandre Djouhri :Il m'a dit : « Il est d'une intelligence quand même, il compartimente, c'est une éponge », il me dit : « Et, là, de plus en plus j'y crois. Il est bon, il est bon là ! », je te jure, il m'a dit ça ce matin...
Nicolas Sarkozy :Ah ouais, t'es gentil, t'es gentil, t'es gentil...
Alexandre Djouhri :Il m'a dit : « Il est vraiment bien ! Il s'est transformé, il se projette bien intellectuellement et tu sens maintenant cette lumière qui l'amène vraiment à la victoire ». Il m'a dit ça, tout à l'heure. Il m'a dit : « Là, je le sens bien maintenant notre Nicolas, je le sens super bien »…
Nicolas Sarkozy :Ah ben, écoute, t'es adorable, hein ! »
Blanchi par Squarcini
Celui qui se fait appeler « Monsieur Alexandre » semble également avoir bénéficié de protections au sein de la police et des services secrets.
Dans le dossier des juges qui enquêtent sur l’affaire libyenne, une note laisse entendre que le passé de délinquant d’Alexandre Djouhri aurait mystérieusement disparu des archives de la police. Par ailleurs, les juges ont aussi découvert que Bernard Squarcini, lorsqu’il était préfet, à Marseille, a pris sa plume pour « blanchir » son ami Djouhri. L’attestation signée BernardSquarcini a été rédigée en 2005, au moment où des journalistes commençaient à vouloir explorer le passé de l’homme de l’ombre.
Extrait de cette attestation saisie par les juges :
« Je soussigné Bernard Squarcini déclare établir la présente attestation en faveur de Monsieur Alexandre Djouhri inconnu au service de traitement des infractions constatées (STIC), et ne faisant objet d'aucune inscription au casier judiciaire. Sur le fond, rien de défavorable n'a pu être démontré concernant l’intéressé et aucun élément lié au terrorisme, au grand banditisme ou au blanchiment n'a pu être mis en exergue. »
« Une menace assez froide »
Dès lors, Alexandre Djouhri se sait protégé. Le personnage fascine les uns, ses méthodes effraient les autres. L’ancien caïd de Sarcelles s’invite désormais dans l’univers plutôt aseptisé des entreprises du CAC 40. C’est ce qu’a raconté aux enquêteurs Marwan Lahoud, l’ancien responsable du groupe aéronautique EADS. En 2008, Djouhri vient le voir pour lui réclamer 12 millions de commissions pour un contrat en Libye.
Audition de Marwan Lahoud le 25 février 2016 :
« Il a commencé à s'agiter, à dire que ça n'allait pas se passer comme ça. Il commence à me balancer des noms censés m'impressionner, il me parle de Jacques et Nicolas en faisant clairement référence à messieurs Chirac et Sarkozy. Alexandre Djouhri s'est alors montré particulièrement menaçant. Monsieur Djouhri avance plein de noms pour vous impressionner, ensuite il tente de m'amadouer en me parlant de devenir patron de Thales ou autre, puis il peut être dans une menace assez froide, évoquant des violences physiques dont il aurait été auteur, puis finit par me dire que je lui dois de l'argent, et que je devais le payer. »
Toujours selon ce témoin, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, lui demande de faire un geste en faveur de son ami Alexandre Djouhri. Marwan Lahoud assure qu’il n’a pas donné suite, faute de contrat en bonne et due forme.
« Tu peux me filer tout de suite 10.000 euros en billets de 100 ? »
Djouhri n’a peur de rien et se permet tout. C’est ce que révèlent encore les écoutes judiciaires de l’affaire libyenne. Le 4 décembre 2013, par exemple, Djouhri appelle le député Alain Marsaud et lui fait une demande stupéfiante :
« Alexandre Djouhri :Alain ? Est-ce que tu peux me filer tout de suite 10.000 euros en billets de 100 ?
Alain Marsaud :Nan, je peux pas te filer 10.000 euros en billets de 100 tout de suite, là, nan...
Alexandre Djouhri :OK, bon, OK.
Alain Marsaud :Il faut que je passe à ma banque, tu crois pas que j'ai 10.000 euros sur moi, nan ?
Alexandre Djouhri :Bon, vas-y, là, si tu peux, maintenant…
Alain Marsaud :Mais je peux pas! Mais enfin, non, mais je suis avec le ministre des Affaires étrangères, je peux pas le quitter pour aller à ma banque, pour chercher de l'argent !
Alexandre Djouhri :Bah, appelle-les !
Alain Marsaud :C'est ça, oui, d'accord, mais bien sûr! N'importe quoi, toi! Ça peut attendre demain, non ?
Alexandre Djouhri :Demain matin alors ! Mais maintenant, ça serait mieux.
Alain Marsaud :Maintenant, la question se pose pas, c'est non ! Je sais pas faire, là. Parce que tu crois que j'ai 10.000 euros comme çà moi ? Il faut même que je les commande à ma banque !
Alexandre Djouhri :OK, bon, allez, je t’embrasse, à l'attaque alors ! A tout à l'heure, bye, tu m'appelles... »
Alexandre Djouhri ne semble avoir aucun complexe avec ses interlocuteurs, il ne met pas les formes. Dans une autre écoute judiciaire, il se vante par exemple d’avoir « mis une torchée à l’ambassadeur du Qatar ».
« Je n'ai pas envie de donner mon avis sur tous les cons de la planète ! »
Djouhri est tout aussi direct quand il veut demander un service plutôt inattendu à son ami Dominique de Villepin.
ECOUTE JUDICIAIRE | Alexandre Djouhri et Dominique de Villepin le 30 septembre 2014 :
Alexandre Djouhri :Dis-moi, tu serais d'accord pour dire du bien de Christine Lagarde ?
Dominique de Villepin :Moi, pourquoi ?
Alexandre Djouhri :Parce que il y a Hervé Gattegno, il fait un super papier sur elle, mais un beau papier, hein, c'est dans Vanity Fair, et il me dit : « Demande à Dominique si je peux l'appeler pour juste qu'il me dise ce qu'il pense d'elle ». Mais il me dit : « Attention, il y a zéro coup de Trafalgar ! ».
Dominique de Villepin :Ecoute, c'est moi qui l'ai fait rentrer en politique et qui l'ai nommée, mais elle s'est toujours comportée comme une garce avec moi. J’ai rien à dire !
Alexandre Djouhri :T'as rien à dire ?
Dominique de Villepin :Non, je ne préfère pas m'exprimer, je n'ai pas envie de donner mon avis sur tous les cons de la planète ! »
Des contre-feux dans l’affaire libyenne
Ce que révèlent aussi ces écoutes judiciaires, c’est qu’Alexandre Djouhri est proche d’influents journalistes, de grands manitous de la communication et de patrons de presse. Il fréquente le conseiller spécial d’Arnaud Lagardère, Ramzi Khiroun ou encore le conseiller médias du groupe Dassault, Rudi Roussillon.
Parfois, Djouhri n’hésite pas à utiliser ces contacts pour allumer des contre-feux dans l’affaire libyenne. Il suggère par exemple au Figaro, propriété de Dassault, d’écrire un édito pour défendre Claude Guéant. Il se démène aussi pour tenter de discréditer la piste du politique dans l’affaire libyenne. Il demande par exemple à son ami libyen Béchir Saleh, réfugié en Afrique du Sud, de signer une lettre dans laquelle il dément tout financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime de Kadhafi…
Les bonnes affaires de la Sarkozie
… où l’on découvre comment se partagent les « bons tuyaux » de la galaxie Sarkozy, et comment l’affaire libyenne rattrape Dominique de Villepin…
Un homme d’affaires « à l’attaque »
Les écoutes judiciaires permettent de comprendre de quelle manière Alexandre Djouhri tente d’associer à ses affaires ses réseaux politiques. On le voit, par exemple, dans cet appel passé à Claude Guéant, devenu avocat d’affaires, en 2013. Alexandre Djouhri :Et ben quand je rentre là. On va voir les Popov ensemble, hein ? Les russes !
Claude Guéant :Ah ben volontiers. Oui. Volontiers, oui, oui.
Alexandre Djouhri
ès qu'ils arrivent, ils vont me tenir au courant. Dans le week-end.
Claude Guéant
'accord, OK. D'accord.
Alexandre Djouhri :Allez, à l'attaque ! »
« Deux champs de pétrole au Kazakhstan, ça t'intéresse ? »
Parfois, cela fonctionne dans l’autre sens. Ce sont les membres du premier cercle de la sarkozie qui jouent les apporteurs d’affaires. C'est le cas de Bernard Squaricni, l’ancien patron du renseignement.
Ce dernier a montré sa propre société d’intelligence économique, après la défaite de Nicolas Sarkozy, en 2012. Bernard Squarcini travaille notamment pour le géant du luxe LVMH, il fait aussi beaucoup d’affaires en Afrique.
Voilà ce que propose Bernard Squarcini, à son ami Alexandre Djouhri, le 22 avril 2015 :
« Bernard Squarcini :Deux champs de pétrole au Kazakhstan, à vendre. Ça t'intéresse ?
Alexandre Djouhri :Ouais, ben OK, ben ouais bien sûr, ben évidemment.
Bernard Squarcini :L’ami de Londres, il va me balancer de la doc et je vais te la rebalancer.
Alexandre Djouhri :Ouais, ben impec' , top !
Bernard Squarcini :C'est pour ça que moi quand il m'a dit "est-ce que vous connaissez quelqu’un", j'ai dit : "y'en a qu'un qui peut gérer cette affaire c'est lui", il me dit : "ok il prend sa com' et nous on prend la nôtre et voilà", ok ?
Alexandre Djouhri :OK ben ouais, à l'attaque !
Bernard Squarcini :Je te tiens au courant Papy !
Alexandre Djouhri :Ouais, allez bye, je t'embrasse.
Bernard Squarcini :Allez, va à la pêche hein, Tchao. »
« Une très grosse opération dans un pays du Golfe »
Les écoutes judiciaires font également apparaître certains personnages plutôt inattendus. C’est le cas de Jean-Louis Bruguière, ancien juge antiterroriste qui a fait un passage en politique sous la bannière de l’UMP. L’homme a instruit de nombreuses affaires sensibles, comme l’attentat de Karachi ou l’affaire de l’attentat contre le DC 10 d’UTA, qui impliquait le régime de Mouammar Kadhafi. Les enquêteurs de l’affaire libyenne se sont aperçus qu’en février 2014, Jean-Louis Bruguière sollicitait les conseils avisés d'Alexandre Djouhri :
« Jean-Louis Bruguière :Allo ? J’voulais te parler... j'ai une très très grosse opération sur un pays du Golfe… bon, voilà c'est tout, point je peux pas en dire plus au téléphone.
Alexandre Djouhri :Hummm… ouais, j'ai compris…
Jean-Louis Bruguière :Y’a pas une urgence folle, m’enfin, bon...
Alexandre Djouhri :Ouais.
Jean-Louis Bruguière :Il faut quand même que je puisse gérer ça ! »
Un tableau de maître « magnifique » et « reposant » pour Villepin
Alexandre Djouhri semble donc être une « porte d’entrée » dans le monde des affaires pour une partie de la Sarkozie. Mais il y en un avec qui les relations sont particulièrement poussées, c’est Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac devenu avocat d’affaires.
Dominique de Villepin et Alexandre Djouhri passent beaucoup de temps ensemble dans les meilleurs restaurants à Paris, en Russie ou dans les pays du Golfe. Et quand ils ne se voient pas, ils sont régulièrement en contact, ne se privant pas commenter les derniers rebondissements dans l’enquête libyenne.
En septembre 2014, par exemple, Alexandre Djouhri a repéré un tableau de maître qui pourrait plaire à son ami. Il l’appelle après lui avoir envoyé la photo de la toile :
« Alexandre Djouhri :Qu'est-ce que tu penses de ce Soulages ?
Dominique de Villepin :Il est très bien, il est très beau.
Alexandre Djouhri :T'es d'accord ?
Dominique de Villepin :Ouais.
Alexandre Djouhri :1954.
Dominique de Villepin :Magnifique, un an après ma naissance, magnifique. Il est très beau. Qu'est-ce qu'ils en veulent ?
Alexandre Djouhri :Pour l'instant c'est deux millions quatre.
Dominique de Villepin :Ah ouais, il faut que tu le fasses baisser un peu.
Alexandre Djouhri :Mais c’est négociable.
Dominique de Villepin :Ouais, ouais, fais le baisser un peu et prends le...
Alexandre Djouhri :Tu peux foutre ça au coffre, tu le planques.
Dominique de Villepin :Ah ben oui… il est grand comment ?
Alexandre Djouhri :Bah je t'ai envoyé. 1mètre 47 sur 1 mètre 14.
Dominique de Villepin :Oui, oui superbe. Non, non, il est très très beau.
Alexandre Djouhri :Je savais qu'il allait te plaire celui-là...
Dominique de Villepin :Y’a un peu de rouge... Magnifique, t'as bon goût là. Tu l'as vu où ?
Alexandre Djouhri :Je l'ai vu chez un pote à moi qui le vend parce qu'il a besoin de pognon.
Dominique de Villepin :En Suisse ?
Alexandre Djouhri :Ah oui, il est en Suisse… ah ben à 100 %.
Dominique de Villepin :Hmm, il est très beau. Très, très beau mon vieux. Putain t'as de la chance. Tu peux foutre ça dans ton salon sans problème.
Alexandre Djouhri :Ouais parce qu'en plus, moi je trouve qu'il fait simple… Il fait pas genre...
Dominique de Villepin :Voilà il est magnifique. Il est très, très sobre, t'as raison. C’est un beau Soulage, très beau Soulage. C'est pas un truc… « bavasseux »…
Alexandre Djouhri :Voilà, exactement.
Dominique de Villepin :Ouais. Bon, mais mon gars donc t'arrives demain ?
Alexandre Djouhri :Ouais j'arrive demain. Il est reposant.
Dominique de Villepin :Ouais, il est reposant. »
Un vieux Tintin vendu à prix d’or
Alexandre Djouhri ne se contente pas de proposer des tableaux à Dominique de Villepin. Il lui achète aussi ses vieilles bandes dessinées.
Ainsi, dans la bibliothèque personnelle de Doninique de Villepin figure un album rare de « Tintin aux pays des soviets ». Lorsqu'il la met aux enchères, cette pièce de collection trouve preneur à prix d’or : 43 000 euros.
Les enquêteurs ont découvert que l’acheteur de ce Tintin était en fait Alexandre Djouhri. Et dans cette conversation avec Dominique de Villepin, on comprend qu'Alexandre Djouhri ne veut surtout pas que son nom apparaisse sur la facture.
« Alexandre Djouhri :J’vais pas payer avec mon nom… j’paie par l'étranger moi...
Dominique de Villepin :Mais non, mais tu paies par ou tu veux, mais il faut payer avec ton nom ! Il faut qu'on sache qui a payé… Tu mets la référence de la facture du Tintin, tout ça...
Alexandre Djouhri :Mais évidemment ! Mais j’mets pas de nom.
Dominique de Villepin :Bon… Et tu me dis après qu'on puisse te donner le machin là…
Alexandre Djouhri :Ça je m'en fous, c'est pas urgent, putain! Qu'il le garde ! Je paie et il le garde. »
On l’a compris, dans cette écoute, Alexandre Djouhri n’a pas l’air pressé de récupérer « le machin », ce Tintin qu’il a pourtant payé rubis sur l’ongle aux enchères.