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| Les beautés de notre culture.. | |
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Invité Invité
| Sujet: Les beautés de notre culture.. 18/11/2008, 18:21 | |
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Dernière édition par JACKLELOUP le 15/9/2010, 08:07, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 6/1/2009, 09:03 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
II. OISEAUX ET ENFANTS II Une alcôve au soleil levant L'humble chambre a l'air de sourire ; Un bouquet orne un vieux bahut ; Cet intérieur ferait dire Aux prêtres : Paix ! aux femmes : Chut ! Au fond une alcôve se creuse. Personne. On n'entre ni ne sort. Surveillance mystérieuse ! L'aube regarde : un enfant dort. Une petite en ce coin sombre Était là dans un berceau blanc, Ayant je ne sais quoi dans l'ombre De confiant et de tremblant. Elle étreignait dans sa main calme Un grelot d'argent qui penchait ; L'innocence au ciel tient la palme Et sur la terre le hochet. Comme elle sommeille ! Elle ignore Le bien, le mal, le coeur, les sens, Son rêve est un sentier d'aurore Dont les anges sont les passants. Son bras, par instants, sans secousse, Se déplace, charmant et pur ; Sa respiration est douce Comme une mouche dans l'azur. Le regard de l'aube la couvre ; Rien n'est auguste et triomphant Comme cet oeil de Dieu qui s'ouvre Sur les yeux fermés de l'enfant. |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 7/1/2009, 07:05 | |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 7/1/2009, 07:06 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
II. OISEAUX ET ENFANTS III Comédie dans les feuilles Au fond du parc qui se délabre, Vieux, désert, mais encor charmant Quand la lune, obscur candélabre, S'allume en son écroulement, Un moineau-franc, que rien ne gêne, A son grenier, tout grand ouvert, Au cinquième étage d'un chêne Qu'avril vient de repeindre en vert. Un saule pleureur se hasarde À gémir sur le doux gazon, À quelques pas de la mansarde Où ricane ce polisson. Ce saule ruisselant se penche ; Un petit lac est à ses pieds, Où tous ses rameaux, branche à branche, Sont correctement copiés. Tout en visitant sa coquine Dans le nid par l'aube doré, L'oiseau rit du saule, et taquine Ce bon vieux lakiste éploré. Il crie à toutes les oiselles Qu'il voit dans les feuilles sautant : Venez donc voir, mesdemoiselles ! Ce saule a pleuré cet étang. Il s'abat dans son tintamarre Sur le lac qu'il ose insulter : - Est-elle bête cette mare ! Elle ne sait que répéter. Ô mare, tu n'es qu'une ornière. Tu rabâches ton saule. Allons, Change donc un peu de manière. Ces vieux rameaux-là sont très longs. Ta géorgique n'est pas drôle. Sous prétexte qu'on est miroir, Nous faire le matin un saule Pour nous le refaire le soir ! C'est classique, cela m'assomme. Je préférerais qu'on se tût. Çà, ton bon saule est un bonhomme ; Les saules sont de l'institut. Je vois d'ici bâiller la truite. Mare, c'est triste, et je t'en veux D'être échevelée à la suite D'un vieux qui n'a plus de cheveux. Invente-nous donc quelque chose ! Calque, mais avec abandon. Je suis fille, fais une rose, Je suis âne, fais un chardon. Aie une idée, un iris jaune, Un bleu nénuphar triomphant ! Sapristi ! Il est temps qu'un faune Fasse à ta naïade un enfant. - Puis il s'adresse à la linotte : - Vois-tu, ce saule, en ce beau lieu, A pour état de prendre en note Le diable à côté du bon Dieu. De là son deuil. Il est possible Que tout soit mal, ô ma catin ; L'oiseau sert à l'homme de cible, L'homme sert de cible au destin ; Mais moi, j'aime mieux, sans envie, Errer de bosquet en bosquet, Corbleu, que de passer ma vie À remplir de pleurs un baquet ! - Le saule à la morne posture, Noir comme le bois des gibets, Se tait, et la mère nature Sourit dans l'ombre aux quolibets Que jette, à travers les vieux marbres, Les quinconces, les buis, les eaux, À cet Héraclite des arbres Ce Démocrite des oiseaux. |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 8/1/2009, 07:19 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
II. OISEAUX ET ENFANTS IV Les enfants lisent, troupe blonde ; Ils épellent, je les entends ; Et le maître d'école gronde Dans la lumière du printemps. J'aperçois l'école entrouverte ; Et je rôde au bord des marais ; Toute la grande saison verte Frissonne au loin dans les forêts. Tout rit, tout chante ; c'est la fête De l'infini que nous voyons ; La beauté des fleurs semble faite Avec la candeur des rayons. J'épelle aussi moi ; je me penche Sur l'immense livre joyeux ; Ô champs, quel vers que la pervenche ! Quelle strophe que l'aigle, ô cieux ! Mais, mystère ! Rien n'est sans tache. Rien ! - Qui peut dire par quels noeuds La végétation rattache Le lys chaste au chardon hargneux ? Tandis que là-bas siffle un merle, La sarcelle, des roseaux plats, Sort, ayant au bec une perle ; Cette perle agonise, hélas ! C'est le poisson qui, tout à l'heure, Poursuivait l'aragne, courant Sur sa bleue et vague demeure, Sinistre monde transparent. Un coup de fusil dans la haie, Abois d'un chien ; c'est le chasseur. Et, pensif, je sens une plaie Parmi toute cette douceur. Et, sous l'herbe pressant la fange, Triste passant de ce beau lieu, Je songe au mal, énigme étrange, Faute d'orthographe de Dieu. |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 9/1/2009, 09:41 | |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 9/1/2009, 09:43 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ I Depuis six mille ans la guerre Plaît aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs. Les conseils du ciel immense, Du lys pur, du nid doré, N'ôtent aucune démence Du coeur de l'homme effaré. Les carnages, les victoires, Voilà notre grand amour ; Et les multitudes noires Ont pour grelot le tambour. La gloire, sous ses chimères Et sous ses chars triomphants, Met toutes les pauvres mères Et tous les petits enfants. Notre bonheur est farouche ; C'est de dire : Allons ! mourons ! Et c'est d'avoir à la bouche La salive des clairons. L'acier luit, les bivouacs fument ; Pâles, nous nous déchaînons ; Les sombres âmes s'allument Aux lumières des canons. Et cela pour des altesses Qui, vous à peine enterrés, Se feront des politesses Pendant que vous pourrirez, Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s'il reste De la chair après vos os ! Aucun peuple ne tolère Qu'un autre vive à côté ; Et l'on souffle la colère Dans notre imbécillité. C'est un Russe ! Égorge, assomme. Un Croate ! Feu roulant. C'est juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ? Celui-ci, je le supprime Et m'en vais, le coeur serein, Puisqu'il a commis le crime De naître à droite du Rhin. Rosbach ! Waterloo ! Vengeance ! L'homme, ivre d'un affreux bruit, N'a plus d'autre intelligence Que le massacre et la nuit. On pourrait boire aux fontaines, Prier dans l'ombre à genoux, Aimer, songer sous les chênes ; Tuer son frère est plus doux. On se hache, on se harponne, On court par monts et par vaux ; L'épouvante se cramponne Du poing aux crins des chevaux. Et l'aube est là sur la plaine ! Oh ! j'admire, en vérité, Qu'on puisse avoir de la haine Quand l'alouette a chanté. |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 10/1/2009, 10:04 | |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 10/1/2009, 10:05 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ II Le vrai dans le vin Jean Sévère était fort ivre. Ô barrière ! ô lieu divin Où Surène nous délivre Avec l'azur de son vin ! Un faune habitant d'un antre, Sous les pampres de l'été, Aurait approuvé son ventre Et vénéré sa gaieté. Il était beau de l'entendre. On voit, quand cet homme rit, Chacun des convives tendre Comme un verre son esprit. À travers les mille choses Qu'on dit parmi les chansons, Tandis qu'errent sous les roses Les filles et les garçons, On parla d'une bataille ; Deux peuples, russe et prussien, Sont hachés par la mitraille ; Les deux rois se portent bien. Chacun de ces deux bons princes (De là tous leurs différends) Trouve ses États trop minces Et ceux du voisin trop grands. Les peuples, eux, sont candides ; Tout se termine à leur gré Par un dôme d'Invalides Plein d'infirmes et doré. Les rois font pour la victoire Un hospice, où le guerrier Ira boiter dans la gloire, Borgne, et coiffé d'un laurier. Nous admirions ; mais, farouche, En nous voyant tous béats, Jean Sévère ouvrit la bouche Et dit ces alinéas : " Le pauvre genre humain pleure, " Nos pas sont tremblants et courts, " Je suis très ivre, et c'est l'heure " De faire un sage discours. " Le penseur joint sous la treille " La logique à la boisson ; " Le sage, après la bouteille, " Doit déboucher la raison. " Faire, au lieu des deux armées, " Battre les deux généraux, " Diminuerait les fumées " Et grandirait les héros. " Que me sert le dithyrambe " Qu'on va chantant devant eux, " Et que Dieu m'ait fait ingambe " Si les rois me font boiteux ? " Ils ne me connaissent guère " S'ils pensent qu'il me suffit " D'avoir les coups de la guerre " Quand ils en ont le profit. " Foin des beaux portails de marbre " De la Flèche et de Saint-Cyr ! " Lorsqu'avril fait pousser l'arbre, " Je n'éprouve aucun plaisir, " En voyant la branche, où flambe " L'aurore qui m'éveilla, " À dire : " C'est une jambe " Peut-être qui me vient là ! " " L'invalide altier se traîne, " Du poids d'un bras déchargé ; " Mais moi je n'ai nulle haine " Pour tous les membres que j'ai. " Recevoir des coups de sabre, " Choir sous les pieds furieux " D'un escadron qui se cabre, " C'est charmant ; boire vaut mieux. " Plutôt gambader sur l'herbe " Que d'être criblé de plomb ! " Le nez coupé, c'est superbe ; " J'aime autant mon nez trop long. " Décoré par mon monarque, " Je m'en reviens, ébloui, " Mais bancal, et je remarque " Qu'il a ses deux pattes, lui. " Manchot, fier, l'hymen m'attire ; " Je vois celle qui me plaît " En lorgner d'autres et dire : " Je l'aimerais mieux complet. " " Fils, c'est vrai, je ne savoure " Qu'en douteur voltairien " Cet effet de ma bravoure " De n'être plus bon à rien. " La jambe de bois est noire ; " La guerre est un dur sentier ; " Quant à ce qu'on nomme gloire, " La gloire, c'est d'être entier. " L'infirme adosse son râble, " En trébuchant, aux piliers ; " C'est une chose admirable, " Fils, que d'user deux souliers. " Fils, j'aimerais que mon prince, " En qui je mets mon orgueil, " Pût gagner une province " Sans me faire perdre un oeil. " Un discours de cette espèce " Sortant de mon hiatus, " Prouve que la langue épaisse " Ne fait pas l'esprit obtus. " Ainsi parla Jean Sévère, Ayant dans son coeur sans fiel La justice, et dans son verre Un vin bleu comme le ciel. L'ivresse mit dans sa tête Ce bon sens qu'il nous versa. Quelquefois Silène prête Son âne à Sancho Pança. |
| | | OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
| Sujet: Die Marktkirsche -- Hannover (Allemagne) 11/1/2009, 09:24 | |
| La Marktkirche ( littéralement, L'Eglise du marché) est la principale église luthérienne de Hanovre, en Allemagne. Elle a été construite au XIVe siècle a proximité du vieil hôtel de ville. La toiture et les voûtes de la nef ont été détruites dans un raid aérien en 1943 et reconstruites dans le même plan en 1952. Même si elle demeure l'église de l'évêché de Hanovre depuis 1925, elle n'a curieusement pas le statut de cathédrale. L'édifice est une "Hallenkirche" (église-halle), ce qui signifie que les nefs du transept sont aussi élevées que la moyenne nef. Les trois nefs s'élèvent pour former un toit monumental. Le haut clocher est le symbole de la puissance et la richesse des citoyens de la ville. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 11/1/2009, 13:19 | |
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| Sujet: Re: Les beautés de notre culture.. 11/1/2009, 13:21 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ III Célébration du 14 Juillet Dans la forêt Qu'il est joyeux aujourd'hui Le chêne aux rameaux sans nombre, Mystérieux point d'appui De toute la forêt sombre ! Comme quand nous triomphons, Il frémit, l'arbre civique ; Il répand à plis profonds Sa grande ombre magnifique. D'où lui vient cette gaieté ? D'où vient qu'il vibre et se dresse, Et semble faire à l'été Une plus fière caresse ? C'est le quatorze juillet. À pareil jour, sur la terre La liberté s'éveillait Et riait dans le tonnerre. Peuple, à pareil jour râlait Le passé, ce noir pirate ; Paris prenait au collet La Bastille scélérate. À pareil jour, un décret Chassait la nuit de la France, Et l'infini s'éclairait Du côté de l'espérance. Tous les ans, à pareil jour, Le chêne au Dieu qui nous crée Envoie un frisson d'amour, Et rit à l'aube sacrée. Il se souvient, tout joyeux, Comme on lui prenait ses branches ! L'âme humaine dans les cieux, Fière, ouvrait ses ailes blanches. Car le vieux chêne est gaulois : Il hait la nuit et le cloître ; Il ne sait pas d'autres lois Que d'être grand et de croître. Il est grec, il est romain ; Sa cime monte, âpre et noire, Au-dessus du genre humain Dans une lueur de gloire. Sa feuille, chère aux soldats, Va, sans peur et sans reproche, Du front d'Epaminondas À l'uniforme de Hoche. Il est le vieillard des bois ; Il a, richesse de l'âge, Dans sa racine Autrefois, Et Demain dans son feuillage. Les rayons, les vents, les eaux, Tremblent dans toutes ses fibres ; Comme il a besoin d'oiseaux, Il aime les peuples libres. C'est son jour. Il est content. C'est l'immense anniversaire. Paris était haletant. La lumière était sincère. Au loin roulait le tambour... - Jour béni ! jour populaire, Où l'on vit un chant d'amour Sortir d'un cri de colère ! Il tressaille, aux vents bercé, Colosse où dans l'ombre austère L'avenir et le passé Mêlent leur double mystère. Les éclipses, s'il en est, Ce vieux naïf les ignore. Il sait que tout ce qui naît, L'oeuf muet, le vent sonore, Le nid rempli de bonheur, La fleur sortant des décombres, Est la parole d'honneur Que Dieu donne aux vivants sombres. Il sait, calme et souriant, Sérénité formidable ! Qu'un peuple est un orient, Et que l'astre est imperdable. Il me salue en passant, L'arbre auguste et centenaire ; Et dans le bois innocent Qui chante et que je vénère, Étalant mille couleurs, Autour du chêne superbe Toutes les petites fleurs Font leur toilette dans l'herbe. L'aurore aux pavots dormants Verse sa coupe enchantée ; Le lys met ses diamants ; La rose est décolletée. Aux chenilles de velours Le jasmin tend ses aiguières ; L'arum conte ses amours, Et la garance ses guerres. Le moineau-franc, gai, taquin, Dans le houx qui se pavoise, D'un refrain républicain Orne sa chanson grivoise. L'ajonc rit près du chemin ; Tous les buissons des ravines Ont leur bouquet à la main ; L'air est plein de voix divines. Et ce doux monde charmant, Heureux sous le ciel prospère, Épanoui, dit gaiement : C'est la fête du grand-père. |
| | | OmbreBlanche
Nombre de messages : 11154 Age : 51 Localisation : Nord Franche-Comté (25) Date d'inscription : 16/11/2008
| Sujet: Le Château de Haltinne, près de Namur 11/1/2009, 22:14 | |
| Haltinne (en wallon Altene) est une section de la commune belge de Gesves située en Région wallonne dans la province de Namur. C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977. | |
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| Sujet: 113 12/1/2009, 08:07 | |
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| Sujet: 114 12/1/2009, 08:08 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ IV Souvenir des vieilles guerres Pour la France et la république, En Navarre nous nous battions. Là parfois la balle est oblique ; Tous les rocs sont des bastions. Notre chef, une barbe grise, Le capitaine, était tombé, Ayant reçu près d'une église Le coup de fusil d'un abbé. La blessure parut malsaine. C'était un vieux et fier garçon, En France, à Marine-sur-Seine, On peut voir encor sa maison. On emporta le capitaine Dont on sentait plier les os ; On l'assit près d'une fontaine D'où s'envolèrent les oiseaux. Nous lui criâmes : - Guerre ! fête ! Forçons le camp ! prenons le fort ! - Mais il laissa pencher sa tête, Et nous vîmes qu'il était mort. L'aide-major avec sa trousse N'y put rien faire et s'en alla ; Nous ramassâmes de la mousse ; De grands vieux chênes étaient là. On fit au mort une jonchée De fleurs et de branches de houx ; Sa bouche n'était point fâchée, Son oeil intrépide était doux. L'abbé fut pris. - Qu'on nous l'amène ! Qu'il meure ! - On forma le carré ; Mais on vit que le capitaine Voulait faire grâce au curé. On chassa du pied le jésuite ; Et le mort semblait dire : Assez ! Quoiqu'il dût regretter la suite De nos grands combats commencés. Il avait sans doute à Marine Quelques bons vieux amours tremblants ; Nous trouvâmes sur sa poitrine Une boucle de cheveux blancs. Une fosse lui fut creusée À la baïonnette, en priant ; Puis on laissa sous la rosée Dormir ce brave souriant. Le bataillon reprit sa marche, À la brune, entre chien et loup ; Nous marchions. Les ponts n'ont qu'une arche. Des pâtres au loin sont debout. La montagne est assez maussade ; La nuit est froide et le jour chaud ; Et l'on rencontre l'embrassade Des grands ours de huit pieds de haut. L'homme en ces monts naît trabucaire ; Prendre et pendre est tout l'alphabet ; Et tout se règle avec l'équerre Que font les deux bras du gibet. On est bandit en paix, en guerre On s'appelle guerillero. Le peuple au roi laisse tout faire ; Cet ânier mène ce taureau. Dans les ravins, dans les rigoles Que creusent les eaux et les ans, De longues files d'espingoles Rampaient comme des vers luisants. Nous tenions tous nos armes prêtes À cause des pièges du soir ; Le croissant brillait sur nos têtes. Et nous, pensifs, nous croyions voir, Tout en cheminant dans la plaine Vers Pampelune et Teruel Le hausse-col du capitaine Qui reparaissait dans le ciel. |
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| Sujet: 116 13/1/2009, 09:04 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ V L'ascension humaine Tandis qu'au loin des nuées, Qui semblent des paradis, Dans le bleu sont remuées, Je t'écoute, et tu me dis : " Quelle idée as-tu de l'homme, " De croire qu'il aide Dieu ? " L'homme est-il donc l'économe " De l'eau, de l'air et du feu ? " Est-ce que, dans son armoire, " Tu l'aurais vu de tes yeux " Serrer les rouleaux de moire " Que l'aube déploie aux cieux ? " Est-ce lui qui gonfle et ride " La vague, et lui dit : Assez ! " Est-ce lui qui tient la bride " Des éléments hérissés ? " Sait-il le secret de l'herbe ? " Parle-t-il au nid vivant ? " Met-il sa note superbe " Dans le noir clairon du vent ? " La marée âpre et sonore " Craint-elle son éperon ? " Connaît-il le météore ? " Comprend-il le moucheron ? " L'homme aider Dieu ! lui, ce songe, " Ce spectre en fuite et tremblant ! " Est-ce grâce à son éponge " Que le cygne reste blanc ? " Le fait veut, l'homme acquiesce. " Je ne vois pas que sa main " Découpe à l'emporte-pièce " Les pétales du jasmin. " Donne-t-il l'odeur aux sauges, " Parce qu'il sait faire un trou " Pour mêler le grès des Vosges " Au salpêtre du Pérou ? " Règle-t-il l'onde et la brise, " Parce qu'il disséquera " De l'argile qu'il a prise " Près de Rio-Madera ? " Ôte Dieu ; puis imagine, " Essaie, invente ; épaissis " L'idéal subtil d'Égine " Par les dogmes d'Éleusis ; " Soude Orphée à Lamettrie ; " Joins, pour ne pas être à court, " L'école d'Alexandrie " À l'école d'Edimbourg ; " Va du conclave au concile, " D'Anaximandre à Destutt ; " Dans quelque cuve fossile " Exprime tout l'institut ; " Démaillote la momie ; " Presse OEdipe et Montyon ; " Mets en pleine académie " Le sphinx à la question ; " Fouille le doute et la grâce ; " Amalgame en ton guano " À la Sybaris d'Horace " Les Chartreux de saint Bruno ; " Combine Genève et Rome ; " Fais mettre par ton fermier " Toutes les vertus de l'homme " Dans une fosse à fumier ; " Travaille avec patience " En puisant au monde entier ; " Prends pour pilon la science " Et l'abîme pour mortier ; " Va, forge ! je te défie " De faire de ton savoir " Et de ta philosophie " Sortir un grain de blé noir ! " Dieu, de sa droite, étreint, fauche, " Sème, et tout est rajeuni ; " L'homme n'est qu'une main gauche " Tâtonnant dans l'infini. " Aux heures mystérieuses, " Quand l'eau se change en miroir, " Rôdes-tu sous les yeuses, " L'esprit plongé dans le soir ? " Te dis-tu : - Qu'est-ce que l'homme ? - " Sonde, ami, sa nullité ; " Cherche, de quel chiffre, en somme, " Il accroît l'éternité ! " L'homme est vain. Pourquoi, poète, " Ne pas le voir tel qu'il est, " Dans le sépulcre squelette, " Et sur la terre valet ! " L'homme est nu, stérile, blême, " Plus frêle qu'un passereau ; " C'est le puits du néant même " Qui s'ouvre dans ce zéro. " Va, Dieu crée et développe " Un lion très réussi, " Un bélier, une antilope, " Sans le concours de Poissy. " Il fait l'aile de la mouche " Du doigt dont il façonna " L'immense taureau farouche " De la Sierra Morena ; " Et dans l'herbe et la rosée " Sa génisse au fier sabot " Règne, et n'est point éclipsée " Par la vache Sarlabot. " Oui, la graine dans l'espace " Vole à travers le brouillard, " Et de toi le vent se passe, " Semoir Jacquet-Robillard ! " Ce laboureur, la tempête, " N'a pas, dans les gouffres noirs, " Besoin que Grignon lui prête " Sa charrue à trois versoirs. " Germinal, dans l'atmosphère, " Soufflant sur les prés fleuris, " Sait encor mieux son affaire " Qu'un maraîcher de Paris. " Quand Dieu veut teindre de flamme " Le scarabée ou la fleur, " Je ne vois point qu'il réclame " La lampe de l'émailleur. " L'homme peut se croire prêtre, " L'homme peut se dire roi, " Je lui laisse son peut-être, " Mais je doute, quant à moi, " Que Dieu, qui met mon image " Au lac où je prends mon bain, " Fasse faire l'étamage " Des étangs, à Saint-Gobain. " Quand Dieu pose sur l'eau sombre " L'arc-en-ciel comme un siphon, " Quand au tourbillon plein d'ombre " Il attelle le typhon, " Quand il maintient d'âge en âge " L'hiver, l'été, mai vermeil, " Janvier triste, et l'engrenage " De l'astre autour du soleil, " Quand les zodiaques roulent, " Amarrés solidement, " Sans que jamais elles croulent, " Aux poutres du firmament, Quand tournent, rentrent et sortent " Ces effrayants cabestans " Dont les extrémités portent " Le ciel, les saisons, le temps ; " Pour combiner ces rouages " Précis comme l'absolu, " Pour que l'urne des nuages " Bascule au moment voulu, " Pour que la planète passe, " Tel jour, au point indiqué, " Pour que la mer ne s'amasse " Que jusqu'à l'ourlet du quai, " Pour que jamais la comète " Ne rencontre un univers, " Pour que l'essaim sur l'Hymète " Trouve en juin les lys ouverts, " Pour que jamais, quand approche " L'heure obscure où l'azur luit, " Une étoile ne s'accroche " À quelque angle de la nuit, " Pour que jamais les effluves " Les forces, le gaz, l'aimant, " Ne manquent aux vastes cuves " De l'éternel mouvement, " Pour régler ce jeu sublime, " Cet équilibre béni, " Ces balancements d'abîme, " Ces écluses d'infini, " Pour que, courbée ou grandie, " L'oeuvre marche sans un pli, " Je crois peu qu'il étudie " La machine de Marly ! " Ton ironie est amère, Mais elle se trompe, ami. Dieu compte avec l'éphémère, Et s'appuie à la fourmi. Dieu n'a rien fait d'inutile. La terre, hymne où rien n'est vain, Chante, et l'homme est le dactyle De l'hexamètre divin. L'homme et Dieu sont parallèles : Dieu créant, l'homme inventant. Dieu donne à l'homme ses ailes. L'éternité fait l'instant. L'homme est son auxiliaire Pour le bien et la vertu. L'arbre est Dieu, l'homme est le lierre ; Dieu de l'homme s'est vêtu. Dieu s'en sert, donc il s'en aide. L'astre apparaît dans l'éclair ; Zeus est dans Archimède, Et Jéhovah dans Képler. Jusqu'à ce que l'homme meure, Il va toujours en avant. Sa pensée a pour demeure L'immense idéal vivant. Dans tout génie il s'incarne ; Le monde est sous son orteil ; Et s'il n'a qu'une lucarne, Il y pose le soleil. Aux terreurs inabordable, Coupant tous les fatals noeuds, L'homme marche formidable, Tranquille et vertigineux. De limon il se fait lave, Et colosse d'embryon ; Epictète était esclave, Molière était histrion, Ésope était saltimbanque, Qu'importe ! - il n'est arrêté Que lorsque le pied lui manque Au bord de l'éternité. L'homme n'est pas autre chose Que le prête-nom de Dieu. Quoi qu'il fasse, il sent la cause Impénétrable, au milieu. Phidias cisèle Athènes ; Michel-Ange est surhumain ; Cyrus, Rhamsès, capitaines, Ont une flamme à la main ; Euclide trouve le mètre, Le rythme sort d'Amphion ; Jésus-Christ vient tout soumettre, Même le glaive, au rayon ; Brutus fait la délivrance ; Platon fait la liberté ; Jeanne d'Arc sacre la France Avec sa virginité ; Dans le bloc des erreurs noires Voltaire ses coins ; Luther brise les mâchoires De Rome entre ses deux poings ; Dante ouvre l'ombre et l'anime ; Colomb fend l'océan bleu... - C'est Dieu sous un pseudonyme, C'est Dieu masqué, mais c'est Dieu. L'homme est le fanal du monde. Ce puissant esprit banni Jette une lueur profonde Jusqu'au seuil de l'infini. Cent carrefours se partagent Ce chercheur sans point d'appui ; Tous les problèmes étagent Leurs sombres voûtes sur lui. Il dissipe les ténèbres ; Il montre dans le lointain Les promontoires funèbres De l'abîme et du destin. Il fait voir les vagues marches Du sépulcre, et sa clarté Blanchit les premières arches Du pont de l'éternité. Sous l'effrayante caverne Il rayonne, et l'horreur fuit. Quelqu'un tient cette lanterne ; Mais elle t'éclaire, ô nuit ! Le progrès est en litige Entre l'homme et Jéhovah ; La greffe ajoute à la tige ; Dieu cacha, l'homme trouva. De quelque nom qu'on la nomme, La science au vaste voeu Occupe le pied de l'homme À faire les pas de Dieu. La mer tient l'homme et l'isole, Et l'égare loin du port ; Par le doigt de la boussole Il se fait montrer le nord. Dans sa morne casemate, Penn rend ce damné meilleur ; Jenner dit : Va-t'en, stigmate ! Jackson dit : Va-t'en, douleur ! Dieu fait l'épi, nous la gerbe ; Il est grand, l'homme est fécond ; Dieu créa le premier verbe Et Gutenberg le second. La pesanteur, la distance, Contre l'homme aux luttes prêt, Prononcent une sentence ; Montgolfier casse l'arrêt. Tous les anciens maux tenaces, Hurlant sous le ciel profond, Ne sont plus que des menaces De fantômes qui s'en vont. Le tonnerre au bruit difforme Gronde... - on raille sans péril La marionnette énorme Que Franklin tient par un fil. Nemrod était une bête Chassant aux hommes, parmi La démence et la tempête De l'ancien monde ennemi. Dracon était un cerbère Qui grince encor sous le ciel Avec trois têtes : Tibère, Caïphe et Machiavel. Nemrod s'appelait la Force, Dracon s'appelait la Loi ; On les sentait sous l'écorce Du vieux prêtre et du vieux roi. Tous deux sont morts. Plus de haines ! Oh ! ce fut un puissant bruit Quand se rompirent les chaînes Qui liaient l'homme à la nuit ! L'homme est l'appareil austère Du progrès mystérieux ; Dieu fait par l'homme sur terre Ce qu'il fait par l'ange aux cieux. Dieu sur tous les êtres pose Son reflet prodigieux, Créant le bien par la chose, Créant par l'homme le mieux. La nature était terrible, Sans pitié, presque sans jour ; L'homme la vanne en son crible, Et n'y laisse que l'amour. Toutes sortes de lois sombres Semblaient sortir du destin ; Le mal heurtait aux décombres Le pied de l'homme incertain. Pendant qu'à travers l'espace Elle roule en hésitant ; Un flot de ténèbres passe Sur la terre à chaque instant ; Mais des foyers y flamboient, Tout s'éclaircit, on le sent, Et déjà les anges voient Ce noir globe blanchissant. Sous l'urne des jours sans nombre Depuis qu'il suit son chemin, La décroissance de l'ombre Vient des yeux du genre humain. L'autel n'ose plus proscrire ; La misère est morte enfin ; Pain à tous ! on voit sourire Les sombres dents de la faim. L'erreur tombe ; on l'évacue ; Les dogmes sont muselés ; La guerre est une vaincue ; Joie aux fleurs et paix aux blés ! L'ignorance est terrassée ; Ce monstre, à demi dormant, Avait la nuit pour pensée Et pour voix le bégaiement. Oui, voici qu'enfin recule L'affreux groupe des fléaux ! L'homme est l'invincible hercule, Le balayeur du chaos. Sa massue est la justice, Sa colère est la bonté. Le ciel s'appuie au solstice Et l'homme à sa volonté. Il veut. Tout cède et tout plie. Il construit quand il détruit ; Et sa science est remplie Des lumières de la nuit. Il enchaîne les désastres, Il tord la rébellion, Il est sublime ; et les astres Sont sur sa peau de lion. |
| | | Invité Invité
| Sujet: 117 14/1/2009, 09:25 | |
| BruxellesC'est la galère pour le blog,et ce a cause de l'installation deInternet explorer7!!!Posté par christina |
| | | Invité Invité
| Sujet: 118 14/1/2009, 09:28 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ VI Le grand siècle Ce siècle a la forme D'un monstrueux char. Sa croissance énorme Sous un nain césar, Son air de prodige, Sa gloire qui ment, Mêlent le vertige À l'écrasement. Louvois pour ministre, Scarron pour griffon, C'est un chant sinistre Sur un air bouffon. Sur sa double roue Le grand char descend ; L'une est dans la boue, L'autre est dans le sang. La Mort au carrosse Attelle, - où va-t-il ? - Lavrillière atroce, Roquelaure vil. Comme un geai dans l'arbre, Le roi s'y tient fier ; Son coeur est de marbre, Son ventre est de chair. On a, pour sa nuque Et son front vermeil, Fait une perruque Avec le soleil. Il règne et végète, Effrayant zéro Sur qui se projette L'ombre du bourreau. Ce trône est la tombe ; Et sur le pavé Quelque chose en tombe Qu'on n'a point lavé. |
| | | Invité Invité
| Sujet: 119 15/1/2009, 14:03 | |
| Ordi malade...Demain, il passera la journée chez le toubib... Posté par christina |
| | | Invité Invité
| Sujet: 120 15/1/2009, 14:05 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ VII Égalité Dans un grand jardin en cinq actes, Conforme aux préceptes du goût, Où les branches étaient exactes, Où les fleurs se tenaient debout, Quelques clématites sauvages Poussaient, pauvres bourgeons pensifs, Parmi les nobles esclavages Des buis, des myrtes et des ifs. Tout près, croissait, sur la terrasse Pleine de dieux bien copiés, Un rosier de si grande race Qu'il avait du marbre à ses pieds. La rose sur les clématites Fixait ce regard un peu sec Que Rachel jette à ces petites Qui font le choeur du drame grec. Ces fleurs, tremblantes et pendantes, Dont Zéphyre tenait le fil, Avaient des airs de confidentes Autour de la reine d'avril. La haie, où s'ouvraient leurs calices Et d'où sortaient ces humbles fleurs, Écoutait du bord des coulisses Le rire des bouvreuils siffleurs. Parmi les brises murmurantes Elle n'osait lever le front ; Cette mère de figurantes Était un peu honteuse au fond. Et je m'écriai : - Fleurs éparses Près de la rose en ce beau lieu, Non, vous n'êtes pas les comparses Du grand théâtre du bon Dieu. Tout est de Dieu l'oeuvre visible. La rose, en ce drame fécond, Dit le premier vers, c'est possible, Mais le bleuet dit le second. Les esprits vrais, que l'aube arrose, Ne donnent point dans ce travers Que les campagnes sont en prose Et que les jardins sont en vers. Avril dans les ronces se vautre, Le faux art que l'ennui couva Lâche le critique Lenôtre Sur le poète Jéhovah. Mais cela ne fait pas grand-chose À l'immense sérénité, Au ciel, au calme grandiose Du philosophe et de l'été. Qu'importe ! croissez, fleurs vermeilles ! Soeurs, couvrez la terre aux flancs bruns, L'hésitation des abeilles Dit l'égalité des parfums. Croissez, plantes, tiges sans nombre ! Du verbe vous êtes les mots. Les immenses frissons de l'ombre Ont besoin de tous vos rameaux. Laissez, broussailles étoilées, Bougonner le vieux goût boudeur ; Croissez, et sentez-vous mêlées À l'inexprimable grandeur ! Rien n'est haut et rien n'est infime. Une goutte d'eau pèse un ciel ; Et le mont Blanc n'a pas de cime Sous le pouce de l'Éternel. Toute fleur est un premier rôle ; Un ver peut être une clarté ; L'homme et l'astre ont le même pôle ; L'infini, c'est l'égalité. L'incommensurable harmonie, Si tout n'avait pas sa beauté, Serait insultée et punie Dans tout être déshérité. Dieu, dont les cieux sont les pilastres, Dans son grand regard jamais las Confond l'éternité des astres Avec la saison des lilas. Les prés, où chantent les cigales, Et l'Ombre ont le même cadran. Ô fleurs, vous êtes les égales Du formidable Aldébaran. L'intervalle n'est qu'apparence. Ô bouton d'or tremblant d'émoi, Dieu ne fait pas de différence Entre le zodiaque et toi. L'être insondable est sans frontière. Il est juste, étant l'unité. La création tout entière Attendrit sa paternité. Dieu, qui fit le souffle et la roche, Oeil de feu qui voit nos combats, Oreille d'ombre qui s'approche De tous les murmures d'en bas, Dieu, le père qui mit dans les fêtes Dans les éthers, dans les sillons, Qui fit pour l'azur les comètes Et pour l'herbe les papillons, Et qui veut qu'une âme accompagne Les êtres de son flanc sortis, Que l'éclair vole à la montagne Et la mouche au myosotis, Dieu, parmi les mondes en fuite, Sourit, dans les gouffres du jour, Quand une fleur toute petite Lui conte son premier amour. |
| | | Zed
Nombre de messages : 16907 Age : 59 Localisation : Longueuil, Québec, Canada, Amérique du nord, planète Terre, du système solaire Galarneau de la voie lactée Date d'inscription : 13/11/2008
| Sujet: 121♥ 15/1/2009, 16:57 | |
| Une rose qui va fleurir pour la première fois tombe face a face avec le Soleil et s'écrit d'émerveillement ''Nous sommes nés en même temps'' | |
| | | Invité Invité
| Sujet: 122 16/1/2009, 10:51 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: 123 16/1/2009, 10:53 | |
| Victor Hugo - Les Chansons des rues et des bois
III. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ VII Égalité Dans un grand jardin en cinq actes, Conforme aux préceptes du goût, Où les branches étaient exactes, Où les fleurs se tenaient debout, Quelques clématites sauvages Poussaient, pauvres bourgeons pensifs, Parmi les nobles esclavages Des buis, des myrtes et des ifs. Tout près, croissait, sur la terrasse Pleine de dieux bien copiés, Un rosier de si grande race Qu'il avait du marbre à ses pieds. La rose sur les clématites Fixait ce regard un peu sec Que Rachel jette à ces petites Qui font le choeur du drame grec. Ces fleurs, tremblantes et pendantes, Dont Zéphyre tenait le fil, Avaient des airs de confidentes Autour de la reine d'avril. La haie, où s'ouvraient leurs calices Et d'où sortaient ces humbles fleurs, Écoutait du bord des coulisses Le rire des bouvreuils siffleurs. Parmi les brises murmurantes Elle n'osait lever le front ; Cette mère de figurantes Était un peu honteuse au fond. Et je m'écriai : - Fleurs éparses Près de la rose en ce beau lieu, Non, vous n'êtes pas les comparses Du grand théâtre du bon Dieu. Tout est de Dieu l'oeuvre visible. La rose, en ce drame fécond, Dit le premier vers, c'est possible, Mais le bleuet dit le second. Les esprits vrais, que l'aube arrose, Ne donnent point dans ce travers Que les campagnes sont en prose Et que les jardins sont en vers. Avril dans les ronces se vautre, Le faux art que l'ennui couva Lâche le critique Lenôtre Sur le poète Jéhovah. Mais cela ne fait pas grand-chose À l'immense sérénité, Au ciel, au calme grandiose Du philosophe et de l'été. Qu'importe ! croissez, fleurs vermeilles ! Soeurs, couvrez la terre aux flancs bruns, L'hésitation des abeilles Dit l'égalité des parfums. Croissez, plantes, tiges sans nombre ! Du verbe vous êtes les mots. Les immenses frissons de l'ombre Ont besoin de tous vos rameaux. Laissez, broussailles étoilées, Bougonner le vieux goût boudeur ; Croissez, et sentez-vous mêlées À l'inexprimable grandeur ! Rien n'est haut et rien n'est infime. Une goutte d'eau pèse un ciel ; Et le mont Blanc n'a pas de cime Sous le pouce de l'Éternel. Toute fleur est un premier rôle ; Un ver peut être une clarté ; L'homme et l'astre ont le même pôle ; L'infini, c'est l'égalité. L'incommensurable harmonie, Si tout n'avait pas sa beauté, Serait insultée et punie Dans tout être déshérité. Dieu, dont les cieux sont les pilastres, Dans son grand regard jamais las Confond l'éternité des astres Avec la saison des lilas. Les prés, où chantent les cigales, Et l'Ombre ont le même cadran. Ô fleurs, vous êtes les égales Du formidable Aldébaran. L'intervalle n'est qu'apparence. Ô bouton d'or tremblant d'émoi, Dieu ne fait pas de différence Entre le zodiaque et toi. L'être insondable est sans frontière. Il est juste, étant l'unité. La création tout entière Attendrit sa paternité. Dieu, qui fit le souffle et la roche, Oeil de feu qui voit nos combats, Oreille d'ombre qui s'approche De tous les murmures d'en bas, Dieu, le père qui mit dans les fêtes Dans les éthers, dans les sillons, Qui fit pour l'azur les comètes Et pour l'herbe les papillons, Et qui veut qu'une âme accompagne Les êtres de son flanc sortis, Que l'éclair vole à la montagne Et la mouche au myosotis, Dieu, parmi les mondes en fuite, Sourit, dans les gouffres du jour, Quand une fleur toute petite Lui conte son premier amour. |
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| Sujet: 124 17/1/2009, 11:59 | |
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