Les Cohortes Célestes ont le devoir et le regret de vous informer que Libres Propos est entré en sommeil. Ce forum convivial et sympathique reste uniquement accessible en lecture seule. Prenez plaisir à le consulter.
Merci de votre compréhension.
"Le chef de l'État est caudillo d'Espagne par la grâce de Dieu".
Voici la devise que l'on pouvait lire autrefois sur les pesetas espagnoles à l'effigie du général Franco.
Qui est Franco ?
Francisco Franco est né au Ferrol (Galice) en 1892.
Il appartient à une famille de petite noblesse qui exerce ses activités dans la marine. Mais c'est la carrière des armes que choisira le futur maître de l'Espagne.
En 1910, il intègre la prestigieuse Académie militaire de Tolède. Il devient officier de cavalerie. En 1912, son baptême du feu il l'inaugure en Afrique où il se distingue au Maroc lors de l'insurrection du Rif.
En 1925, il mate la guérilla d'Abd el-Krim.
En 1926, il est nommé le plus jeune général d'Europe et deux ans plus tard, il est nommé directeur de l'Académie militaire de Saragosse jusqu'à sa fermeture ordonnée par la jeune République en 1931.
Toutefois, en 1935, le ministre de la guerre, Gil Robles, le nomme au poste de chef d'Etat-major. Il sera éloigné aux Canaries par le gouvernement de Frente Popular (Front Populaire) socialiste en 1936.
L'homme providentiel au secours d'une Espagne divisée:
La République, jeune, fragile, accuse le coup de divisions internes. Elle ne peut empêcher l'assassinat du chef de l'opposition (droite) Calvo Sotello, le 13 juillet 1936.
C'est le coup de feu déclenchant la guerre civile.
Aussitôt, la République s'estime menacée et par pronunciamento, elle rappelle tous les généraux, dont Franco (qui jouera le premier rôle).
Il s'assure d'abord le contrôle du Maroc espagnol et de là rentre en Espagne, le 19 juillet. Il s'empare d'Algésiras.
La guerre civile durera trois ans. Une lutte impitoyable avec autant de massacres dans un camp comme dans l'autre. Soit 650 000 morts en tout (les deux tiers seront des civils pris entre deux feux) et 350 000 exilés.
Après la jonction des troupes nationalistes (Badajoz, le 12 août) et la délivrance de l'Alcazar de Tolède (27 septembre), la Phalange désigne Franco comme caudillo (chef de guerre) et généralissime. Sa mission : ramener l'ordre et la paix en Espagne.
Aussitôt, Franco met en marche son armée composée de troupes régulières, de phalangistes et de carlistes et obtient le soutien de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste.
Il mènera une lutte sans merci contre une République divisée et à bout de souffle, pressée sur deux fronts séparés et antagonistes.
En 1937, il opère la conquête de Biscaye puis prend Barcelone (la capitale républicaine) le 26 janvier 1939. Il entre ensuite dans Valence, obtient la reddition de Casado et Miaja à Madrid.
Franco est définitivement vainqueur le 1er avril 1939.
De l'ordre brutal à l'ordre moral, le "roi" Franco :
Le 23 octobre 1940, le général Franco reçoit la visite d'Hitler qui le presse de laisser un passage aux troupes de l'Axe en Espagne. Mais Franco tient tête au Führer et décrète l'Espagne comme un territoire neutre.
Une telle décision qui vaudra au généralissime, en 1945, d'être respecté des Alliés d'autant plus que, pendant toute la Seconde guerre mondiale, il fit de l'Espagne une zone-refuge pour tous les Résistants et les Juifs persécutés.
Après la guerre, Franco renonça au titre guerrier de caudillo et le 31 mars 1947, il déclare l'Espagne comme "Royaume catholique et social" et en assure la présidence assisté d'un conseil de régence.
A partir de là, se tient un habile équilibre entre les forces politiques qui soutiennent son régime: l'Armée, les Phalangistes et surtout les Monarchistes à qui il promet, dès 1954, le retour du prétendant Juan Carlos de Bourbon sur le trône d'Espagne.
Autres soutiens (et non des moindres): des technocrates teintés de mysticisme catholique (Opus Dei) ainsi que les banques et les milieux d'affaires qui relèvent l'économie espagnole.
Quel bilan du franquisme ?
Finalement, qu'était Franco sinon que l'incarnation du vieil esprit centralisateur castillan qui voulait faire de l'Espagne "une, grande, libre et indivisible" ?
Pour cela, il dut faire pression sur le monde ouvrier, l'université, les aspirations régionalistes (Catalogne, Pays Basque) et sur les tendances libérales émancipatrices apparues dans l'Église espagnole depuis Vatican II.
Son bilan extérieur : une habile politique étrangère qui tend à redonner à l'Espagne son lustre d'antan.
Il liquide à l'amiable les possessions africaines, ce qui vaudra à l'Espagne la sympathie des pays arabes. Il s'ouvre ensuite sur l'OTAN et prépare à la construction européenne.
A la fin de sa vie, Franco s'efface progressivement du pouvoir et ne sort plus guère du Palais Royal de Madrid. Mais sa silhouette d'octogénaire trapu ainsi que son visage volontaire continueront de dominer l'Espagne.
Sa mort en 1975 laisse alors le pouvoir à Don Juan Carlos de Bourbon qui, comme promis, devient roi d'Espagne le 26 novembre de la même année et restaurant la démocratie.
Que dire, finalement, de Franco ?
S'il n'avait pas été là, l'Espagne aurait pu sombrer dans le stalinisme le plus sordide ou l'anarchie la plus crasse. Au contraire, Franco a relevé l'Espagne, à coups d'arbitraire, oui, mais les circonstances ne lui en ont pas laissé le choix.
Alors, peut-être est-il temps aujourd'hui de réhabiliter ce personnage qui a permis à l'Espagne de retrouver la grandeur et la prospérité et surtout, la paix, la démocratie et l'intégration européenne.
Auteur
Message
Lawrence
Nombre de messages : 11709 Date d'inscription : 20/09/2010
Peut-être un Espagnol s’intéresserait-il plus à d'autres pays que le sien ?
Un adepte de la "mondialisation heureuse" alors ? Cela ne m'étonne que ce peuple soit dans la merde...
Mais non, Alande, mais non... il y a des intérêts sentimentaux, intellectuels, qui n'ont pas grand-chose à voir avec le développement ou la mondialisation...
Alande
Nombre de messages : 1278 Age : 58 Localisation : Caluire et Cuire Date d'inscription : 19/06/2013
Biloulou qui ne connait pas l'inertie humaine a écrit:
Phénomène mondialement répandu et qui en Espagne, fut largement ultérieur à Franco.
Lorsque tu as une dictature qui offre une pseudo "vie facile", cela dégénère plusieurs générations. 1975-2008, cela ne fait pas beaucoup pour redresser les esprits !
Alande-Pour ce que j'en dis !
Lawrence
Nombre de messages : 11709 Age : 79 Localisation : Marbella Date d'inscription : 20/09/2010
Sujet: EL NOVIO DE LA MUERTE 15/12/2015, 18:46
Biloulou
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Nombre de messages : 54566 Localisation : Jardins suspendus sur la Woluwe - Belgique Date d'inscription : 27/10/2008
Sujet: L'Espagne au bord de la révolution ? 7/4/2016, 18:43
Les Espagnols bientôt privés de sieste ? (Ouest France - Publié le 05/04/2016 à 19:31 - Par Cédric Rousseau)
« Le Premier ministre espagnol veut mettre fin à la siesta », annonce la presse anglo-saxonne. Les Espagnols sont-ils réellement friands de sieste ? L’intention de Mariano Rajoy est plus subtile : raccourcir et intensifier le rythme des journées de travail en Espagne, qui seraient trop saccadées. Notamment élaguer la pause déjeuner, qui peut durer des heures. Un défi vain pour un vieux débat qui ressort en pleine période électorale.
Pourquoi on en parle ? Le quotidien britannique The Independant résume ainsi l’information : « Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a annoncé vouloir réduire de deux heures la journée de travail et mettre un terme à la sieste traditionnelle, afin de mettre le pays en conformité avec ses homologues européens. »
Certes, la société espagnole a son propre rythme de travail et des horaires souvent décalés par rapport au reste de l’Europe. « On déjeune vers 14 h, la pause de l’après-midi est assez longue et la journée de travail va jusqu’à 20 h, explique Florence Calvez, du Centre culturel franco-espagnol de Nantes. Mais parler de sieste est un cliché, c’est comme dire que les Français s’habillent avec des rayures et portent des bérets. Ils n’ont pas le temps pour la sieste, sauf peut-être l’été quand il fait très chaud. » En clair : les Espagnols ne font pas plus de siestes que les Allemands. En revanche, ils mangent plus longtemps…
« Sobre mesa », qui signifie « sur la table », c’est le temps qu’on passe après le repas à discuter autour de la table. Le midi, ça peut durer longtemps, même entre collègues (Photo : TTCmobile/Flickr)
Quelle est la particularité du rythme espagnol ? Il s’agit en fait d’un sempiternel débat en Espagne. Déjeuner à 14 h, dîner à 22 h et début des programmes télé de soirée à 22 h 30 au mieux : en Espagne, on vit plus tard. La faute au fuseau horaire qui fait tomber la nuit tardivement. Changée par Franco pour plaire au régime nazi (à l’instar de la France de Pétain) alors que la péninsule ibérique est clairement alignée sur le Royaume-Uni, l’heure espagnole (GMT + 1) est l’une des explications à ce rythme un peu spécial.
Pourtant, la journée commence comme ailleurs vers 8 h 30 ou 9 h. D’où des journées à rallonge avec des pauses et un déjeuner qui s’éternise. « On appelle ça « sobre mesa », qui signifie « sur la table » : c’est le temps qu’on passe après le repas à discuter autour de la table. Le midi, ça peut durer longtemps, même entre collègues. »
Quel est le projet de Mariano Rajoy ? Faire terminer la journée de travail à 18 h et raccourcir la pause méridienne. Son objectif non dissimulé est d’intensifier la productivité du pays et la flexibilité du travail…
Rajoy a-t-il une chance de voir ce projet aboutir ? Pas vraiment. « Les Espagnols ne prennent pas ça très au sérieux, estime Florence Clavez, ils sont habitués à ce rythme qui leur convient. C’est vrai que leurs journées sont longues, tout le monde serait content de finir plus tôt. Mais en Espagne, 18 h, c’est encore l’après-midi ! Cet aspect culturel est très fort, ce serait difficile de changer. » D’autant moins que Mariano Rajoy s’apprête à affronter de délicates élections et n’est pas du tout sûr de conserver son poste.
La sieste : un cliché sur l’Espagne, souvent entretenu par les pays du nord… (Photo : Calvin Smith/Flickr)
Et ailleurs en Europe ? Un rapide comparatif montre que la principale différence tient à cette fameuse pause déjeuner. En Allemagne, les relations sociales au travail restent limitées. « Les pauses ne se prolongent pas autour de la machine à café et on préfère arriver tôt au boulot pour en repartir tôt, raconte Delphine Nerbollier, correspondante à Berlin du site MyEurop. Il est fréquent que les bureaux ferment à 16 h. »
C’est sensiblement la même chose au Royaume-Uni, où les salariés commencent leurs journées vers 8 h 30-9 h pour la terminer autour de 17 h 30. « Résultat immédiat : les pubs sont pris d’assaut dès 17 h, raconte le correspondant à Londres, Tristan de Bourbon. Ce phénomène est lié à la pause déjeuner express, qui ne dépasse généralement pas 30 minutes, quand un sandwich n’est pas avalé en 10 minutes à son bureau ou devant l’ordinateur. » Les Espagnols sont plus proches (ce n’est pas une surprise) des Portugais, qui peuvent prendre des pauses de deux ou trois heures en début d’après-midi.
Le mot de la fin ? Une journaliste américaine, L.V. Anderson, du site Slate.com, soutient les Espagnols : « Si vous aimez manger, l’Espagne est faite pour vous, car vous y êtes incité à manger aussi souvent que possible. » Et d’ajouter : « Franchement, tout le monde sait que c’est impossible de rester concentré 8 heures de suite, comme on l’attend de nous et de nos horaires [américains, NDLR] 9 h-17 h ». Conclusion ? « L’Espagne ne devrait pas changer sa routine. C’est nous qui devrions changer la nôtre. »
Le débat, finalement, ne concerne pas que nos voisins ibères.
« L’Espagne ne devrait pas changer sa routine, estime une journaliste américaine, c’est nous qui devrions changer la nôtre. » (Photo : Unicef Ethiopia/Flickr)
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
À noter que l'article est publié par "Ouest France", il n'y a pas de hasard...
Lawrence
Nombre de messages : 11709 Age : 79 Localisation : Marbella Date d'inscription : 20/09/2010
L'Espagne est formidable, tout y est ouvert de 09.00h à minuit, nous travaillons 7/7 jours sans problème... jamais une seule grêve, une vraie joie de vivre. Une leçon pour la France....
Younes bis
Nombre de messages : 2362 Date d'inscription : 18/12/2015